Le dialogue national lancé ce mercredi à Dakar met en lumière de profondes dissensions au sein de l’Alliance pour la République (Apr). Alors que le mot d’ordre officiel du parti, édicté par son président Macky Sall, appelait à boycotter les travaux, plusieurs cadres influents ont choisi de s’y rendre « au nom de la République ».
Parmi eux, Abdoulaye Daouda Diallo, pilier de l’Apr, ainsi que Matar Ba, Abdoulaye Saydou Sow et Benoît Sambou, tous anciens ministres, ont pris part aux discussions.
« La République est au-dessus de tout », a réagi le maire de Kaffrine, qui a remercié le président de la République de l’avoir associé aux concertations. « Je prends acte de la position de l’Apr, mais c’est une position que je ne partage pas », a ajouté l’ancien ministre de l’Urbanisme.
« Nous sommes venus pour participer à la construction de ce pays, et tous les discours qui ont été prononcés ici sont allés dans ce sens », a précisé le maire de Fatick, -fief de Macky Sall-, ajoutant qu’il ne fait plus partie du Secrétariat exécutif national de l’Apr.
« C’est le président Macky Sall lui-même qui avait institué cette date par décret. Alors, si aujourd’hui on nous appelle à un dialogue, on ne peut que répondre en tant que républicains. »
L’ancien président du défunt Conseil économique, social et environnemental (Cese) a abondé dans le même sens.
« Les affaires de la République sont supérieures à toute autre considération », a déclaré Abdoulaye Daouda Diallo, soulignant la nécessité d’unir les forces vives de la nation autour des enjeux majeurs du pays.
Saluant enfin l’esprit de concertation qui prévaut au Sénégal, il a rappelé l’importance historique du dialogue politique dans la consolidation démocratique. « Ce qui est important, c’est que ce sont ces dialogues qui ont fait du Sénégal ce qu’il est aujourd’hui. Ce sont ces dialogues qui ont mené le Sénégal à toutes ces alternances », a-t-il ajouté.
Depuis son départ du pouvoir le 2 avril 2024, Macky Sall s’est retiré au Maroc. Mais son ombre continue de planer sur la scène politique sénégalaise, où l’unité de sa formation semble de plus en plus mise à l’épreuve.
Salla GUEYE