En point de presse ce mercredi 18 juin, les têtes de gondole de l’opposition sénégalaise ayant pris part au Dialogue national du 28 mai 2025 ont invité le président de la République à mettre sur pied un comité inclusif de suivi des points d’accord issus des concertations sur le système politique sénégalais.
Des figures de proue de l’opposition ayant participé au Dialogue national du 28 mai dernier ont organisé, hier, une conférence de presse à la Maison du Parti socialiste (Ps) sise au quartier Colobane de Dakar. Porte-parole du jour, Samba Sy, secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), a mis l’accent sur les points d’accord et de désaccord issus du Dialogue national sur le système politique sénégalais. Devant une forêt de caméras et de micros, l’ancien ministre de la République a, au nom de ses camarades de l’opposition, invité le chef de l’État à mettre en place un comité inclusif de suivi des recommandations dudit dialogue. Pour Samba Sy, cette structure devrait être composée par les principaux acteurs du Dialogue et aura pour missions de définir consensuellement les modalités de mise en œuvre des points d’accord, de poursuivre les discussions sur les points de divergence, etc. Selon lui, la mise sur pied dudit comité n’est pas fortuite, mais découle d’un constat alarmant.
Primo, justifie-t-il, les commissions, le processus électoral, les réformes institutionnelles et les organes de gestion des élections ont enregistré des accords de principe, mais les modalités d’application ne sont pas précisées et il y a des divergences sur des questions sensibles. Il ajoute que la Commission démocratie, liberté et droits humains a, pour l’essentiel, abouti à un constat d’échec, avec un long relevé de divergences non surmontées. En deuxième lieu, poursuit-il, l’opposition a jugé nécessaire de modifier le mode d’élection des députés et élus territoriaux, de telle manière que l’Assemblée nationale et les collectivités territoriales correspondent davantage au vote des citoyens. « Comment peut-on avoir 54 % des voix aux élections législatives et obtenir plus de 80 % des députés ? Comment comprendre qu’un groupe parlementaire puisse octroyer des postes indus dans les bureaux et les commissions alors que la loi est précise sur ce point ? Comment peut-on perdre d’une voix une collectivité territoriale aux élections municipales ou départementales et se retrouver sans aucun membre de bureau ni diriger une commission ? », s’est-il interrogé.
Tertio, renchérit le porte-parole du jour, il est urgent de procéder au bilan des organes de gestion des élections. L’essentiel, à ses yeux, étant non pas de se focaliser sur le nom d’une structure, mais plutôt de définir avec précision ses tâches et de montrer en quoi elle va rendre les élections davantage transparentes en empêchant toute immixtion de l’exécutif dans le processus électoral. Dans le même ordre d’idées, Samba Sy a évoqué l’accord de principe sur la rationalisation des partis lors des dialogues antérieurs et qui impose de travailler à l’élaboration d’une loi générale, conforme à la Constitution qui préciserait les conditions de création d’un parti, d’une coalition, les droits et devoirs des partis, ceux de l’opposition en particulier, tant à l’échelle nationale que territoriale. « Cette loi porterait aussi sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales. Des financements qui seront plafonnés et partiellement ou totalement remboursés en fonction de certains critères. Cette loi traiterait aussi du chef de l’opposition relativement à ses droits et ses devoirs », a-t-il poursuivi, dénonçant la posture du pouvoir qui veut revenir sur le calendrier électoral par le couplage des élections législatives et présidentielles. « La majorité risque de créer un précédent dangereux, précisément parce que le Code électoral de 1992 repose sur l’impératif de s’accorder sur les modalités de cette indispensable rationalisation », a précisé M. Sy.
Ibrahima KANDE