Du 28 mai au 4 juin 2025, l’État ouvrira un grand dialogue national axé sur la réforme du système politique.
À l’initiative du président Bassirou Diomaye Faye, cette vaste concertation républicaine réunira les différentes couches de la société sous la houlette du docteur Cheikh Gueye, choisi comme facilitateur par le chef de l’État.
L’objectif de ce dialogue, qui se veut inclusif, est de « repenser nos institutions, revisiter nos pratiques, et rebâtir la confiance entre l’État et les citoyens », comme l’a affirmé le chef de l’État dans son discours du 4 avril. Les termes de référence de cette concertation ont été dévoilés et transmis aux différents acteurs. Ce dialogue s’articulera autour de dix axes interconnectés, appelant à des réformes profondes et durables du système politique sénégalais.
1. Réformer et améliorer le système électoral sénégalais
Premier point cardinal : l’amélioration du système électoral, souvent au cœur des tensions politiques. Les débats porteront sur la transparence du processus, la neutralité des organes en charge, et l’accessibilité des candidatures. L’enjeu est clair : garantir des élections crédibles, débarrassées des soupçons de manipulation. Cela implique, entre autres, la révision des modalités de collecte des résultats, l’encadrement des commissions électorales, et une meilleure implication des observateurs indépendants.
2. Donner un contenu au statut de l’opposition et de son chef
Le Sénégal, bien que démocratique, n’a jamais pleinement institutionnalisé le rôle du chef de l’opposition. Le dialogue ambitionne d’y remédier, en définissant un statut clair, assorti de droits, devoirs et moyens logistiques. Il s’agit d’équilibrer le jeu démocratique et de reconnaître l’opposition comme un acteur central du contrôle citoyen. Le président Diomaye Faye l’a souligné : « L’opposition n’est pas l’ennemie de la République ; elle en est la conscience critique. »
3. Débattre de l’inscription automatique sur le fichier électoral
L’inscription automatique dès la délivrance de la carte biométrique CEDEAO et à partir de 18 ans constitue une avancée technique et démocratique majeure. Elle permettrait d’élargir la base électorale, en supprimant les lourdeurs administratives qui dissuadent encore de nombreux jeunes. Le Sénégal rejoindrait ainsi des pratiques internationales modernes d’enregistrement citoyen.
4. Réviser le système de parrainage
Le système de parrainage, introduit pour réguler les candidatures, est souvent perçu comme un mécanisme d’exclusion. Il sera repensé pour éviter les doublons, les fraudes et l’arbitraire. Plusieurs options sont sur la table : parrainage citoyen, parlementaire ou hybride. Le but est de le rendre transparent, vérifiable, et surtout, équitable.
5. Examiner le rôle des autorités en charge des élections et des médias
La question de l’impartialité des autorités administratives et médiatiques est cruciale. Les débats devront clarifier les attributions de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA), de la Direction générale des élections, et du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). Il est attendu une réforme qui renforce leur indépendance réelle, tout en garantissant un traitement équitable de tous les acteurs, notamment en période électorale.
6. Débattre de la place de la justice dans le processus électoral
La justice joue un rôle arbitral décisif en matière électorale. Mais sa neutralité est souvent questionnée. Faut-il confier le contentieux électoral à une juridiction spécialisée ? Faut-il réformer la composition du Conseil constitutionnel ? Ces questions seront aussi au cœur des échanges
7. Rationaliser le calendrier républicain
L’enchevêtrement des élections affaiblit la gouvernance et alourdit les charges logistiques. Le dialogue proposera de rationaliser le calendrier électoral afin d’harmoniser les échéances, notamment entre les élections locales, législatives et présidentielles. Cela permettra d’assurer une meilleure continuité de l’action publique.
8. Rationaliser en profondeur les partis politiques
Le Sénégal compte des centaines de partis, mais très peu jouent un rôle réel dans la vie publique. Il s’agira de repenser les conditions de reconnaissance, de fonctionnement et de représentation des partis. L’idée est de promouvoir des formations sérieuses, enracinées dans la société, dotées d’un minimum de cohérence idéologique et de représentativité.
9. Encadrer le financement des partis politiques
La question du financement est au cœur de la moralisation de la vie politique. Le dialogue devra poser les bases d’un système de financement public encadré, équitable et soumis à contrôle. Cela passe aussi par une transparence des ressources privées, et des sanctions en cas de manquements. Il s’agit là d’un levier de lutte contre la corruption politique.
10. Réviser le Code électoral
Ce point couronne l’ensemble du processus. Il s’agira d’actualiser le Code électoral en tenant compte de toutes les réformes envisagées, en simplifiant les procédures et en codifiant les bonnes pratiques. Ce nouveau Code devra être le reflet d’une démocratie renforcée, inclusive et résolument moderne.
C.G. DIOP