Ce lundi 2 décembre 2024, les députés élus le 17 novembre dernier prennent officiellement fonction, lors d’une cérémonie d’installation de la XVe Législature pour la période 2024-2029. Ce qui augure une longue journée de fortes tractations et de votes, même si le parti au pouvoir, Pastef, n’aura pas grand problème pour imposer sa majorité.
À l’Assemblée nationale, les choses solennelles commencent ce lundi, avec la première séance publique de la XVe Législature, à 10 heures. Une fois installés, les nouveaux députés éliront le président de l’Assemblée nationale par bulletin secret à la tribune. Tout ce processus est régi par la loi organique portant règlement intérieur, notamment aux articles 9 et suivants.
Il faut d’abord rappeler que la séance se déroulera sous la supervision du Bureau d’âge, composé de membres sachant lire et écrire la langue officielle. C’est le doyen Alla Kane, député de Pastef, âgé de 87 ans, qui présidera la séance inaugurale. Il sera assisté par les deux plus jeunes, sachant également lire et écrire le français, pour assumer les fonctions de secrétaires.
Il procédera donc à l’appel nominal des députés. Après avoir constaté que le quorum est atteint, il déclarera la séance ouverte. Il convient de préciser qu’aucun débat ne peut avoir lieu sous la présidence du doyen d’âge, sauf s’il porte sur des questions de procédure relatives à l’élection en cours.
Cependant, dès son élection, le président de l’Assemblée nationale prend fonction. Cela signifie que l’élection des autres membres du Bureau se déroule sous sa présidence. Il est également précisé que ce n’est qu’en cas d’empêchement du président que le plus âgé des députés présents, sachant lire et écrire la langue officielle, préside à l’élection des autres membres du Bureau, conformément au règlement intérieur de la deuxième institution de la République du Sénégal.
Au cours des travaux, il peut être demandé une suspension de séance. Le président de l’Assemblée nationale peut également autoriser des explications de vote après l’installation du Bureau définitif.
Le jour et l’heure fixés pour l’ouverture de la session, le nouveau président procède à l’appel nominal des députés. Après avoir constaté que le quorum, fixé à l’article 6, est atteint, il déclare la session ouverte. Il sera ensuite procédé à l’élection du Bureau, dans les conditions prévues aux articles 13 et 14 du règlement intérieur.
Pour rappel, le Bureau comprend, outre le président, huit vice-présidents, six secrétaires élus et deux questeurs.
Le président de l’Assemblée nationale est élu au scrutin uninominal, à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si cette majorité n’est pas atteinte au premier tour du scrutin, il est procédé à un second tour, pour lequel l’élection est acquise à la majorité relative.
Quant aux vice-présidents, secrétaires et questeurs, ils sont élus au scrutin de liste, pour chaque fonction. Chaque groupe de l’Assemblée peut présenter une liste par fonction. En cas de contestation, la séance est suspendue, et le scrutin ne peut avoir lieu qu’une heure après.
Sur proposition de son Bureau, l’Assemblée nationale peut, au cours d’une séance solennelle, recevoir des personnalités éminentes venues délivrer un message ou accorder l’honorariat à ses anciens présidents.
La particularité de cette séance d’ouverture, c’est que, contrairement à la précédente législature, le parti au pouvoir (Pastef) s’est adjugé une majorité très confortable.
Opposition quasi monocolore
La formation politique d’Ousmane Sonko, qui disposait de seulement 24 députés dans la précédente Assemblée nationale, peut aujourd’hui compter sur une majorité écrasante de 78% des élus. Cette victoire du parti présidentiel a son corollaire : une lourde défaite des différentes composantes de l’opposition, qui s’étaient lancées dans cette campagne en ordre dispersé.
La coalition Takku Wallu Sénégal, dont l’ex-président Macky Sall (démissionnaire) était la tête de liste nationale, n’enverra au total que 16 députés dans la nouvelle Assemblée. Face à Pastef, cette coalition rassemblant son propre parti, l’Alliance pour la République (APR), le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim et Abdoulaye Wade, et Rewmi, le parti d’Idrissa Seck, est la seule à être parvenue à sauver l’honneur. Mais si la coalition Takku Wallu Sénégal devient la première force de l’opposition sur cet échiquier politique entièrement remodelé, elle atteint à peine le nombre minimum de députés requis pour permettre la constitution d’un groupe parlementaire (soit un dixième des membres de l’Assemblée, non compris les députés apparentés).
La défaite est encore plus brutale pour les autres listes présentées comme favorites. Jamm Ak Njariñ, la coalition conduite par Amadou Ba, l’ancien « dauphin » désigné par Macky Sall et candidat malheureux à la présidentielle, ne compte, à l’arrivée, que 7 députés. Sàmm Sa Kàddu, la liste conduite par le maire de Dakar, Barthélémy Dias, devra quant à elle se contenter de 3 députés. Marche des Territoires – Andu Nawlé obtient 2 députés. Les autres listes – And Si Koolute Nguir Senegal (AKS), Farlu, Kiraay Ak Natangué / Pôle alternatif 3e voie, Sopi Sénégal, Sénégal Kese, Les Nationalistes / Jël Liñu Mom, And Bessal Sénégal – n’enverront, chacune, qu’un seul député dans l’hémicycle.
Salla GUEYE