Islam vs Christianisme et/ou Judaïsme, Sunnisme contre Chiisme, Communautarisme face au Confessionnalisme, etc. Avec cette énième crise au Moyen-Orient, les fractures qui ont miné et mené l’évolution de cette zone se sont ravivées et métastasées pour s’étendre dans toute la région. Longtemps désignée comme un arc de crise important du monde, la zone du Moyen-Orient a retenu les attentions pendant plusieurs années avec la permanence et la latence des tensions qui s’y déroulent. Rien donc de nouveau si ce n’est encore des images déroutantes, sanglantes et poignantes revenues au-devant de la scène et en mondovision.
Ce retour du crépitement des armes ou d’envois de missiles confirme ainsi la volatilité et la fragilité d’une zone de tension et de contradictions. Dénominateur commun de la lutte des rues et palais arabes depuis de nombreuses années, la crise palestinienne a été pendant longtemps un vrai détonateur. Avec l’arrivée au pouvoir du président américain pour son premier mandat, il était à penser de par sa volonté de pacification avec la signature des Accords d’Abraham signés en 2020 que des convergences d’intérêts vitaux et stratégiques de plusieurs pays de cette région allaient se nouer et ainsi faire renaître un arc de croissance. Conclus entre Israël et quelques pays arabes comme les Émirats arabes unis, le Bahreïn, Soudan, Maroc, entres autres, ce « deal » présenté ainsi par son initiateur Donald Trump, était censé apporter une nouvelle évolution stratégique et dynamique dans cette zone marquée par des rivalités et dualités sur fond religieux. Les évènements du 7 octobre 2023 avec l’attaque du Hamas sont venus remettre à plat tous les efforts fournis de part et d’autre pour faire ancrer dans cette zone l’arc de crise et éloigné son remplacement par un arc de croissance, tant les importantes ressources en hydrocarbures qu’il y a pouvaient le permettre.
Ainsi que les nouvelles dynamiques de développement. Mais il fallait aussi compter avec les fractures confessionnelles et communautaires toujours vivaces et tenaces qui traversent toutes les sociétés de cette région. Les trois axes de crise qui ont structuré le Moyen-Orient ne sont ainsi jamais effacés. D’abord le Levant, autour du conflit israélo-palestinien et de ses prolongements libano-syriens, le Golfe, autour des hydrocarbures et des antagonismes irano-arabes et sunnites-chiites, et la zone Afghanistan-Pakistan où le retour en force des talibans menace les pays concernés. Ces trois axes ont chacun leur logique propre et sont également fortement interdépendants. Leur imbrication constitue l’identité du Moyen-Orient comme objet problématique complexe par excellence des études stratégiques et sécuritaires. Ces fractures se sont ainsi redessinées après le 7 octobre 2023. D’un côté, en Israël, la poussée de l’extrême droite favorisée par l’alliance avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, soucieux de préserver son pouvoir, a donné de tels résultats avec un statu quo et une politique de radicalisation porteuse de tensions et de contradictions. Aujourd’hui, ce qu’il a failli perdre dans la légitimité des urnes, Benjamin Netanyahu est en train de le récupérer dans la légitimité des armes.
En face, l’Iran, puissance énergétique, institutionnelle et aussi culturelle de la zone, même s’il a normalisé ses relations avec l’autre géant, l’Arabie saoudite, est toujours perçu par beaucoup de pays arabes sunnites comme une menace de plus en plus prégnante et lancinante. Ces antagonismes inter ou intra-religieux risquent encore d’accentuer les fractures et ainsi corser la facture humaine déjà coûteuse en vies et en déplacements de populations… oumar.ndiaye@lesoleil.sn