Trois mois après avoir quitté l’Intérieur, Gérald Darmanin a fait lundi son retour au gouvernement au ministère de la Justice, d’où il formera un binôme avec le LR Bruno Retailleau, reconduit quant à lui place Beauvau.
A 42 ans, Gérald Darmanin est le deuxième personnage de la Ve République à avoir occupé le poste de ministre de la Justice et de l’Intérieur, après Michèle Alliot-Marie (Intérieur 2007-2009, Justice 2009-2010). Troisième dans l’ordre protocolaire, avec le rang de ministre d’Etat, il succède à Didier Migaud, nommé par Michel Barnier le 21 septembre et qui aura occupé le poste seulement trois mois.
Depuis son compte X, le nouveau locataire de la place Vendôme a remercié le président de la République et le Premier ministre de leur confiance, assurant que comme garde des Sceaux, « la fermeté, la rapidité et la proximité guideraient (son) action pour défendre les victimes ».
« Mon soutien sera total aux magistrats, aux greffiers, aux agents pénitentiaires, aux agents protecteurs de la jeunesse et à tous les auxiliaires de justice », at-il ajouté. « C’est une surprise qu’on n’attendait pas forcément sous le sapin », a réagi auprès de l’AFP Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).
« Il va devoir apprendre une autre culture qu’à l’Intérieur où tout est vertical », a-t-il ajouté, espérant que « dans son rôle de ministre », il saura « soutenir ses troupes ». Le nouveau garde des Sceaux va devoir reprendre en main les dossiers de son précédent qui avait réussi à négocier légèrement à la hausse du budget de la Justice, notamment pour respecter les promesses d’embauches.
Le Syndicat de la magistrature (gauche) s’est quant à lui dit consterné de cette nomination. « C’est la promesse du recul de l’État de droit auquel il a déjà largement contribué comme ministre de l’Intérieur », a déclaré auprès de l’AFP Kim Reuflet, présidente de l’organisation.
« M. Darmanin, quand il était ministre de l’Intérieur, a démontré à de multiples reprises qu’il n’était pas respectueux de l’indépendance de la justice », a-t-elle ajouté.
M. Darmanin avait ainsi apporté son soutien à Marine Le Pen, après les réquisitions prises contre elle fin novembre au procès des assistants au parlement européen. « Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs », avait notamment écrit M. Darmanin au sujet de Mme Le Pen, sur laquelle planait une menace de peine d’inéligibilité.
Côté prison, le secrétaire national Ufap Unsa Justice, Wilfried Fonck, a regretté la nomination d' »un ministre qu’il faudra une fois encore briefer sur les problématiques » du milieu carcéral et « les difficultés rencontrées par les personnels pénitentiaires ». Gérald Darmanin va aussi devoir conjuguer son action avec celle de Bruno Retailleau, qui conserve quant à lui le portefeuille de l’Intérieur.
A 63 ans, le « Premier flic de France » avait posé ses conditions pour poursuivre sa mission à Beauvau. Il s’était même permis de demander des « garanties » à François Bayrou, notamment en ce qui concerne « la lutte drastique contre l’immigration illégale » et la « réduction de l’immigration légale au strict nécessaire ».
L’ancien président du groupe LR au Sénat avait également réclamé des « moyens » pour continuer à « lutter contre l’insécurité et notamment le narcotrafic ».
AFP