Les bureaux nationaux de statistiques et agences techniques des quinze pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont tenu récemment à Dakar un atelier consacré à l’intégration de la dimension de genre et au renforcement des systèmes de suivi et d’évaluation (S&E) dans le cadre de son programme de développement du capital humain (Hcd).
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a récemment conclu un atelier régional de formation consacré à l’intégration de la dimension de genre et au renforcement des systèmes de suivi et d’évaluation (S&E) dans le cadre de son programme de développement du capital humain (Hcd).
Cette rencontre a rassemblé à Dakar des représentants des ministères, bureaux nationaux de statistiques et agences techniques des quinze pays membres. L’objectif était de doter les participants d’outils pratiques pour mieux comprendre les enjeux de genre, intégrer l’équité dans les politiques publiques et améliorer la qualité des données utilisées dans la planification et l’évaluation des programmes de développement. Les animateurs ont d’abord insisté sur la nécessité de dépasser les idées reçues.
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« Le genre ne se limite pas aux femmes ; il s’agit des rôles et comportements socialement construits attribués aux hommes et aux femmes », a rappelé dans une note l’expert Gibril Jarjue, Directeur de la planification et de l’information au ministère de la Santé de la Gambie et point focal du Hcd de la Cedeao.
Lorsque ces rôles se traduisent par des inégalités d’accès aux opportunités, en particulier pour les femmes et les filles, soutient-t-il, ils freinent le développement national. La session a permis d’examiner l’impact des préjugés sexistes sur les politiques, la budgétisation et la prestation de services, tout en mettant en avant l’importance de sociétés inclusives.
Un volet important a porté sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), ratifiée par tous les États de la Cedeao. Les discussions ont souligné la nécessité d’aligner les législations et politiques nationales sur cette convention afin de promouvoir l’égalité dans les secteurs clés : santé, éducation, emploi et protection sociale.
Les participants ont été initiés aux méthodes de budgétisation sensible au genre, qui permettent de mieux cibler les allocations budgétaires en fonction des besoins différenciés des femmes, des hommes et des jeunes.
« La budgétisation sensible au genre ne consiste pas à créer un budget distinct pour les femmes, mais à assurer l’équité et l’efficacité dans l’utilisation des ressources publiques », a expliqué M. Jarjue.
La deuxième partie de la formation a porté sur le S&E. Les participants ont travaillé sur le cadre d’indicateurs 18+1 de la Cedeao, couvrant la santé maternelle, la nutrition infantile, l’accès à l’éducation, l’emploi des jeunes et l’égalité des sexes.
« Vous ne pouvez pas gérer ce que vous ne pouvez pas mesurer. Ces indicateurs offrent un langage commun pour suivre les progrès régionaux », a affirmé M. Jarjue.
L’atelier a également insisté sur l’importance de collecter régulièrement des données ventilées par sexe et de garantir leur qualité afin d’orienter des politiques inclusives.
Vers un plan d’action régional
Au terme des travaux, les États membres ont adopté un plan d’action régional visant à : renforcer les capacités nationales en matière de collecte et d’analyse de données sensibles au genre ; d’institutionnaliser la budgétisation sensible au genre dans la planification nationale ; de réaliser des évaluations régulières de la qualité des données ; de rapporter systématiquement sur les indicateurs 18+1 ; de favoriser la collaboration et l’apprentissage entre pays.
Pour M. Jarjue, cette initiative est « opportune et transformatrice », surtout dans un contexte de reprise post-Covid-19. « Le développement du capital humain ne concerne pas seulement l’éducation et la santé. Il s’agit d’assurer dignité et opportunités pour tous, quel que soit le sexe », a-t-il conclu, tout en appelant à un soutien continu des partenaires techniques et financiers.
La Cedeao, de son côté, a réaffirmé son engagement à accompagner les États dans la mise en œuvre du plan adopté, convaincue que l’égalité des sexes et les données probantes doivent aller de pair pour bâtir une Afrique de l’Ouest inclusive et résiliente.
Aly DIOUF