Accusé de corruption présumée, l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a tenu à rétablir sa version des faits lors de l’émission L’Invité de MNF sur 7TV. Selon lui, les 50 millions de FCFA évoqués dans cette affaire lui ont été « gracieusement offerts » par l’opérateur Cheikh Guèye, mais il affirme les avoir « refusés diplomatiquement sur le coup ».
L’ex-Garde des Sceaux indique que son principal témoin dans cette affaire n’est autre que Me Aïssata Tall Sall, sa successeure au ministère de la Justice.
« Le jour où je serai convoqué devant la justice, Aïssata Tall Sall viendra témoigner », a-t-il déclaré d’emblée. Il figure en effet parmi les cinq anciens ministres appelés à comparaître devant la Haute Cour de justice.
Les soupçons portent sur une prétendue somme de 50 millions de FCFA qu’il aurait perçue de l’entrepreneur Cheikh Guèye, chargé des travaux du centre de surveillance électronique. Mais M. Fall rejette catégoriquement ces allégations :
« Il m’a offert gracieusement 50 millions de FCFA, et je les ai immédiatement rendus, par l’intermédiaire de son directeur des constructions, Mouhamadou Wane. Je l’ai fait pour ne pas céder à la tentation. Je ne sais pas si Wane a effectivement restitué l’argent, car je ne m’en suis plus occupé », a-t-il précisé.
Il ajoute avoir informé Aïssata Tall Sall de cette situation lors de la passation de service. Celle-ci aurait par la suite convoqué l’entrepreneur et mis fin aux travaux, jugeant qu’il ne disposait pas des capacités techniques requises. Selon M. Fall, Cheikh Guèye aurait alors tenté de faire pression en affirmant avoir remis de l’argent à l’ancien ministre, mais Me Tall Sall l’aurait interrompu en confirmant que l’offre avait été déclinée.
Toujours selon lui, le projet fut annulé, mais l’opérateur aurait repris le chantier après un changement de régime. « Je ne sais par quelle alchimie, mais j’ai entendu dire qu’une enquête est en cours », a-t-il ajouté, visiblement déconcerté.
Interrogé par Maïmouna Ndour sur l’origine de l’accusation — présentée comme une délation confirmée par le directeur de la construction des palais de justice, Mouhamadou Wane —, Ismaïla Madior Fall révèle une information surprenante :
« J’ai découvert que l’entrepreneur était son oncle. C’est lui-même qui me l’a confié. Il m’avait seulement dit qu’il s’agissait d’un ingénieur chevronné ayant construit plusieurs ministères. Il m’a tellement vanté ses mérites que j’ai été impressionné, avant d’apprendre leur lien familial. »
Sur les rumeurs selon lesquelles il aurait réclamé 200 millions de FCFA, il est catégorique : « Jamais. Nous n’avons jamais parlé d’argent. C’est lui qui a généreusement proposé de me remettre de l’argent, que j’ai refusé. Je reste toujours très prudent avec l’argent. Une fois qu’on accepte de l’argent, on devient dépendant. S’il m’avait donné 200 ou 50 millions, et qu’il ne réalisait pas le projet, je n’aurais rien pu faire. On ne peut pas prendre l’argent de quelqu’un et annuler son marché », insiste-t-il.
Enfin, il rappelle que le ministère avait besoin d’un site pour installer un centre de surveillance électronique.
« Il existait déjà un site, donc il fallait simplement le valoriser. C’est cette opération qui a mal tourné avec un opérateur qui, en réalité, n’avait ni les capacités techniques ni les moyens financiers. Il nous a bluffés », conclut Ismaïla Madior Fall.
Fatou SY