Si Senghor a donné le tempo, les présidents Abdou Diouf, Me Abdoulaye Wade et Macky Sall ont poursuivi son œuvre colossale. Grâce à leurs connexions en Afrique et dans le reste du monde, ils ont donné plus de poids à la diplomatie sénégalaise. L’actuel chef d’Etat, Bassirou Diomaye Faye, n’a pas dérogé à la règle.
Il est en train de vendre la destination Sénégal aux quatre coins du monde. « La cohérence du leadership sénégalais, de Senghor à Diomaye Faye, repose sur une diplomatie façonnée par l’intelligence, la paix, le dialogue et l’ouverture, tout en s’adaptant aux mutations du monde. Cette continuité dans l’excellence diplomatique, soutenue par une stabilité politique durable et des élites de qualité, conforte la place de Dakar comme un hub diplomatique majeur du continent africain », a justifié le diplomate Cheikh Niang.
Le politologue Moussa Diaw ajoute que la politique étrangère du Sénégal repose sur cette historicité de l’État, de ses dirigeants, de leur vocation à ne pas être en marge de l’évolution du monde. Et cela, atteste-t-il, s’est poursuivi avec les présidents Diouf, Wade, Macky et Diomaye. « Senghor a fait de Dakar une capitale de la culture et des idées, tout en favorisant l’installation de représentations diplomatiques étrangères, posant ainsi les premiers jalons de son statut actuel de hub diplomatique », a insisté Cheikh Niang, rappelant que son successeur Abdou Diouf a consolidé cet héritage en optant pour une diplomatie fondée sur la concertation et la prévisibilité.
Voici le témoignage qu’il fait de l’ancien président Abdou Diouf : « Très actif dans les enceintes multilatérales, Diouf a contribué à la résolution pacifique de plusieurs conflits africains, notamment au Tchad, en Centrafrique et en Guinée-Bissau, entre autres. Il a aussi renforcé l’intégration sous régionale, à travers la Cedeao et défendu de manière constante les intérêts de l’Afrique dans les forums internationaux. Sa nomination en 2003 au poste de Secrétaire général de l’Oif incarne le rayonnement diplomatique du Sénégal ». Le président Me Abdoulaye Wade qui a pris le pouvoir en 2000 a, quant à lui, apporté une diplomatie de rupture et une affirmation panafricaine.
A juste titre, explique M. Niang, l’arrivée de Me Wade a marqué un tournant audacieux dans la diplomatie sénégalaise, désormais plus affirmée à la multiplication des initiatives panafricaines, dont le lancement du Nepad, l’ouverture stratégique vers les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, et le Brésil et l’Organisation de grands sommets internationaux à Dakar tel que l’Oci, renforçant ainsi son statut de plateforme diplomatique continentale. Les 12 ans de règne du président Macky Sall à la tête du pays ont été marqués par une crédibilité, une stabilité et une présence remarquable sur les grandes scènes internationales.
Une voix forte et crédible En effet, renforce Cheikh Niang, sous Macky, la diplomatie sénégalaise s’est ancrée dans les grands enjeux contemporains, avec un engagement sur les dossiers du climat, des inégalités économiques et de la réforme de la gouvernance mondiale, notamment du Conseil de sécurité de l’Onu. Mais aussi et surtout avec la présidence de l’Union africaine en 2022, illustrant son rôle moteur dans la diplomatie continentale, ainsi que le maintien de relations équilibrées avec les puissances traditionnelles, tout en renforçant les partenariats avec les pays émergents. D’après lui, sous le magistère du président Sall, il y a eu une forte implication du Sénégal dans des opérations de maintien de la paix et l’accueil de bases de coopération sécuritaire avec les États-Unis, la France et d’autres partenaires stratégiques.
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Toutefois, la politique étrangère n’est pas figée. Elle est renforcée par de nouvelles conceptions pour être au diapason du monde changeant, constamment. Il faut donc s’adapter pour ne pas rester en rade. La diplomatie sénégalaise s’accommode donc aux nouvelles réalités mondiales, en tenant compte de la nouvelle configuration du système politique international. « Le Sénégal est un pays ouvert où il y a plusieurs représentations diplomatiques. Il est ouvert vers le monde occidental, le monde arabe, le monde africain…. Cela veut dire que c’est un pays qui s’adapte aux réalités, qui donne sens à son action », a expliqué le politologue Moussa Diaw.
C’est ce qui conforte sans doute la nouvelle ligne diplomatique tracée par le président nouvellement élu. Jeune et dynamique, Bassirou Diomaye Faye incarne l’espoir d’un renouveau diplomatique enraciné dans les valeurs africaines. Il symbolise une nouvelle génération de leadership africain portée par des idéaux de souveraineté, de justice sociale et de transformation des relations internationales.
A ce propos, souligne Cheikh Niang, le président Faye prône une diplomatie d’indépendance, de solidarité Sud-Sud et de réformes structurelles de l’ordre mondial dans une perspective panafricaniste. Bien qu’il soit encore trop tôt pour dresser un bilan complet, souligne le diplomate, les premières orientations du président laissent entrevoir une volonté affirmée de repositionner le Sénégal comme une voix forte et crédible de l’Afrique, comme en attestent ces visites d’Etat aux Etats-Unis, en Chine et dans plusieurs pays d’Afrique.
Ibrahima KANDE