La quinzième législature promet des joutes enflammées entre les deux présidents des groupes parlementaires. La faconde de l’avocate saura-t-elle contenir la maîtrise des textes du spécialiste en droit international.
Ayib Daffé, un homme d’appareil
A 47 ans, le président du groupe parlementaire « Pastef – Les Patriotes » incarne une stature d’homme d’appareil. En effet, Ayib Daffé, juriste de formation, a été le mandataire de ce parti lors des dernières élections. Militant de la première heure du Pastef, l’élu de Sédhiou, entretient une tradition familiale d’engagement politique : fils de l’ancien ministre, le Pr Balla Moussa Daffé. Candidat malheureux au perchoir de la Place Soweto, c’est sur lui que ses collègues de la nouvelle majorité ont jeté leur dévolu pour présider leur groupe. Ce poste combine des responsabilités organisationnelles et législatives essentielles à la stabilité et à l’efficacité de la majorité. Mais cette fonction, en apparence prestigieuse, n’est pas sans défis. Le président du groupe parlementaire de la majorité doit assurer la cohésion du groupe et coordonner son action. Ayib Daffé sera surtout au front des négociations pour définir les priorités législatives et pour s’assurer que les projets de loi du gouvernement reçoivent un soutien conséquent lors des votes. Une fonction de représentation donc, mais aussi d’influence. Revers de la médaille, Ayib Daffé devra assumer un rôle d’équilibriste pour gérer les contradictions internes et sera exposé aux critiques. Débatteur reconnu, à l’aide dans les dossiers à tonalité juridique, il se remarque par sa pondération mais reste intransigeant dans la défense des intérêts du Pastef. Naturellement, ses joutes verbales face à l’avocate en face promettent…
Me Aïssata Tall Sall, l’art de la plaidoirie
« L’avocat est celui qui porte la voix de ceux qui ne peuvent se faire entendre », dit-on. Que retenir de la riche carrière de Me Aïssata Tall Sall ? L’ancienne cheffe de la diplomatie ? L’ex garde des sceaux, ministre de la Justice du président Macky Sall ? Plus loin, l’ancienne ministre de la Communication du président Abdou Diouf ? Ou alors l’ancienne édile de Podor, sa ville natale ? Certains pourraient y ajouter son propre rôle d’avocate dans le film « Bamako » (2006) de Abderrahmane Sissako, pour faire people…. Mais le plus important est qu’aujourd’hui, elle a repris le collier dans l’hémicycle, pour être la principale contradictrice du gouvernement à la Place Soweto en tant que présidente du groupe « Takku Wallu », issu de la coalition montée par Macky Sall et le Pds principalement lors des dernières législatives. Une position de premier plan, avec une exposition médiatique de tous les jours. L’ancienne figure du Parti socialiste, dissidente pour fait d’opposition à l’ancien secrétaire général de cette formation, Ousmane Tanor Dieng, fait l’unanimité sur ses qualités d’oratrice. Seulement, sera-ce suffisant pour faire face à l’écrasante majorité à laquelle elle s’oppose ? Dans tous les cas, à cette position, elle va incarner un rôle essentiel dans la défense de la démocratie et l’équilibre des pouvoirs. Il y a aussi que les groupes parlementaires de l’opposition sont souvent hétérogènes, réunissant des partis et courants aux intérêts divergents. Maintenir l’unité y est un défi permanent.
Par Samboudian KAMARA