Durant toute sa carrière, il s’est évertué à œuvrer pour un rayonnement de la diplomatie sénégalaise. Rencontré à Abidjan, lors d’une invitation du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, 18 au 21 janvier, l’ambassadeur Cherif Oumar Diagne, un as de la discrétion et du secret professionnel, nous a fait découvrir son goût prononcé pour la bonne cuisine.
Cherif Oumar Diagne, c’est cet homme solaire, inconnu du grand public. Il est aussi cet homme de l’ombre, plus connu dans les sphères diplomatiques. Ancien ambassadeur du Sénégal en Tunisie, au Ghana, il a été nommé récemment conseiller diplomatique du nouveau président de l’Assemblée nationale, El Hadji Malick Ndiaye. Il a aussi occupé les fonctions de directeur du Protocole du Ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’Étranger.
Il a su imprimer ses marques lorsqu’il présidait le comité d’organisation des journées de la diplomatie organisée les 24 et 25 mai 2024, par l’Union des Conseillers des Affaires étrangères et l’Amicale des Chanceliers des Affaires étrangères. Rencontré, dans le cadre de la visite de travail effectuée à Abidjan, du 18 au 21 janvier dernier, par le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, l’homme incarne la respectabilité. Il fascine par sa courtoisie et sa façon d’interagir avec les autres. La diplomatie, il semble l’avoir dans le sang, c’est un tout un art chez lui. Tout est aussi esthétique chez celui qui met en avant la démarche organisationnelle et méthodique. Il est réputé pour sa maitrise des arcanes diplomatiques. Mais l’une de ses particularités, son sens du secret. Le secret professionnel, c’est son fort. Il est aussi très discret.
Mais l’autre caractéristique, c’est son goût pour la bonne cuisine. Il ne se délecte pas de n’importe quoi malgré le décor de l’assiette qui lui est servie. Il ne se laisse pas influencer par les tendances culinaires. Il est habitué aux délices gastronomiques. Et c’est son épouse qui est passée par là.
« Durant toutes les missions effectuées dans le cadre de mon travail, c’est mon épouse qui a toujours préparé mes repas. Elle n’a jamais accepté que le personnel de maison s’en charge, partout où nous avons séjourné. La première chose qu’elle range dans ses valises, durant nos voyages, c’est un livre de cuisines. Elle m’a fait découvrir toutes les recettes avec un art qui lui est propre, en bonne Saint-Louisienne. Elle a mis un terme à sa carrière professionnelle pour m’accompagner dans ma carrière diplomatique. Elle s’est partout aménagée un bureau : la cuisine ».
C’est sur un ton empreint d’émotion que l’ambassadeur nous fait cette confidence, rendant hommage à celle qui a cheminé avec lui depuis 1976 et qui lui a également permis de garder une allure de jeune à l’âge de 75 ans. « J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés, et non derrière, une grande dame, mon épouse. Elle a toujours été aux petits soins. Il s’y ajoute que nous ne consommons pas de bouillon à la maison et ne buvons pas d’eau fraîche. Elle a toujours veillé à ce qu’on adopte une bonne hygiène de vie ».
Le diplomate qui entretient des rapports affectueux avec ses collègues, sait user de mots justes, d’arguments justes pour convaincre son vis-à-vis ou décliner une offre. Il le fait en toute diplomatie et en toute élégance.
Appelé à faire valoir ses droits à la retraite, il a fait fi des conseils de ses enfants, qui lui souhaitaient une retraite à la maison. Il a tenu à accompagner le nouveau président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, qui lui a fait l’honneur de l’intégrer dans son cabinet. Il tire du plaisir à servir la nation et mettre à contribution son expérience.
Formateur à l’Ena et au Cheds
Formateur à l’École nationale de l’administration (Ena) et au Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), il fait partie de ceux qui ont proposé d’engager une réflexion pour plus de performances de l’Administration et des diplomates.
« On ne peut plus former nos diplomates comme on le faisait il y a 20 ans au vu du contexte changeant », croit-il. Il pense également que le Sénégal, eu égard à sa stabilité politique, pourrait, « tel un terreau fertile, être le jardin africain où germent les graines d’une Diplomatie orientée vers la promotion de la paix et la stabilité politique, le respect et la protection des Droits de l’homme, mais aussi le développement économique par l’intégration africaine et l’ancrage du panafricanisme. »
L’ambassadeur Chérif Oumar Diagne, Conseiller des Affaires étrangères principal de classe exceptionnelle, est aussi présenté comme un homme d’une discrétion sans égale. Dans un article qu’il lui a consacré, le journaliste Pathé Mbodj souligne qu’avec lui « jamais un mot de trop, jamais un geste de trop ».
« Chérif Oumar Diagne a en effet le culte de l’amitié, qu’il cultive dans le bonheur comme dans le malheur ; et quand on se penche sur son long cursus, on devine aisément le nombre de ses compagnons de route : de l’enseignement secondaire au lycée Blaise Diagne, aux études supérieures au Canada avant l’École nationale d’Administration et de la Magistrature (Énam), la route est longue, parsemée d’embûches ; il en garde le meilleur, dans la joie comme dans la peine. Il assume ainsi l’histoire ancienne et récente, comme lors des obsèques du Premier ministre Habib Thiam de Dagana où il marquera sa présence par une discrétion qui lui va bien », ajoute Pathé Mbodji dans son article.
Matel BOCOUM
