L’une des formes les plus emblématiques de la participation citoyenne, essentielle dans toute démocratie, est le vote. À la fois droit fondamental et devoir civique, il permet à tout citoyen jouissant de ses droits civiques et ayant atteint l’âge requis d’exprimer sa volonté quant au choix de ses dirigeants et à l’orientation de la gouvernance nationale.
Cependant, certaines procédures administratives préalables à l’exercice de ce droit peuvent constituer des obstacles à la participation électorale. Dans ce contexte, l’inscription automatique sur le fichier électoral, dès l’établissement de la carte d’identité biométrique de la CEDEAO et l’atteinte de la majorité, apparaît comme un levier efficace de promotion et de facilitation du droit de vote.
Cette réflexion se propose d’analyser les enjeux liés à cette mesure, dans le cadre plus large de l’amélioration du système politique sénégalais.
Un système politique à moderniser
En 2016, le Sénégal a été l’un des premiers pays de la CEDEAO à introduire la carte d’identité biométrique, également utilisée comme carte d’électeur. Selon l’article L.53 du Code électoral sénégalais, « les données électorales sont mentionnées au verso. Elles comprennent le numéro d’électeur, la région, le département, l’arrondissement, la commune, le lieu de vote et le numéro d’identification nationale. »
Malgré cette disposition, le constat est que de nombreux détenteurs de la carte d’identité biométrique CEDEAO ne disposent pas des données électorales correspondantes. En février 2025, le Directeur général des élections (DGE) révélait que 2,9 millions de détenteurs de cette carte n’étaient pas inscrits sur les listes électorales, dont une majorité de primo-votants. Ce constat met en lumière une réalité préoccupante : la possession de la carte biométrique ne garantit pas automatiquement la possibilité de voter.
Par ailleurs, la révision annuelle des listes électorales, prévue par l’article L.37 du Code électoral, est limitée dans le temps (du 1er février au 31 juillet). Cette contrainte prive régulièrement une partie importante de la population, notamment les jeunes atteignant la majorité peu avant une élection, de leur droit de participer au scrutin.
Un modèle efficace : exemple de la France
Dans une dynamique d’amélioration continue du système électoral, l’inscription automatique des jeunes dès l’âge de 18 ans représenterait une avancée significative pour encourager la participation citoyenne.
En France, par exemple, les citoyens sont automatiquement inscrits sur les listes électorales à leur majorité, à condition d’avoir effectué leur recensement citoyen à 16 ans. Ce mécanisme supprime les contraintes liées aux déplacements ou aux oublis, permettant ainsi à toute personne en âge de voter d’exercer ce droit, même si sa décision de le faire est prise à la veille d’un scrutin.
Il s’agit d’une démarche inclusive, qui contribue à renforcer le caractère libre et transparent des élections, l’intégrité du processus électoral, tout en réduisant les risques de fraudes liées aux inscriptions fictives ou multiples.
Vers un changement de paradigme nécessaire
Les vertus d’un système politique dans lequel les citoyens sont inscrits sur les listes électorales dès l’obtention de la carte d’identité de la CEDEAO et dès la majorité ne peuvent s’obtenir qu’à travers des réformes importantes qui mettent au centre la numérisation des données.
L’adoption de technologies modernes est indispensable pour garantir la fiabilité du processus d’enregistrement. La mise en place d’un système d’inscription en ligne en serait un exemple pertinent, notamment pour faciliter l’accès des populations mobiles ou éloignées des centres administratifs.
L’organe chargé de la gestion du fichier électoral doit veiller à l’efficacité des procédures et à leur capacité d’adaptation face à la mobilité fréquente des citoyens, impliquant des changements réguliers de lieu de vote.
Enfin, l’ensemble du processus doit être placé sous le sceau de l’équité et de la transparence, afin de prévenir toute suspicion de manipulation et de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions électorales.
Sôsôli,
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