Le récent rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques au Sénégal entre 2019 et 2024 soulève des interrogations majeures. Les constats d’anomalies budgétaires, de transferts de fonds opaques et de dépenses non justifiées pointent vers une gestion financière défaillante qui a des répercussions profondes sur la vie quotidienne des citoyens.
Si ces chiffres et analyses techniques peuvent sembler éloignés du vécu des Sénégalais, ils traduisent pourtant des réalités tangibles : des hôpitaux qui manquent de médicaments, des écoles sans matériel de base et des infrastructures inachevées qui freinent le développement local. Le lien entre une gestion budgétaire insuffisante et la qualité de vie des populations est indéniable, et ce rapport de la Cour des Comptes vient rappeler que chaque erreur ou irrégularité dans l’utilisation des fonds publics se répercute directement sur les services sociaux et les conditions de vie des citoyens. Les anomalies budgétaires relevées dans le rapport trouvent leur écho dans les dysfonctionnements des services sociaux. Par exemple, des sommes prévues pour la santé publique ou l’éducation sont parfois mal exécutées ou redirigées vers d’autres priorités. À cela s’ajoutent les retards dans les paiements des salaires des enseignants ou des médecins, des équipements hospitaliers obsolètes et des écoles sous-équipées. Ces manquements affectent directement les familles, compromettant l’accès à des soins de qualité et à une éducation décente. Dans son rapport, la Cour des Comptes met également en lumière des dépenses non justifiées et des écarts entre les prévisions et les réalisations budgétaires. Par exemple, des fonds alloués à des projets sociaux disparaissent dans des zones grises administratives, rendant impossible l’amélioration des services de base pour les populations les plus vulnérables. Le rapport pointe également des incohérences dans la gestion des projets d’infrastructures. Ces projets, qui devraient être des moteurs de développement, se transforment parfois en éléphants blancs.
À travers le pays, des routes, des ponts ou des centres communautaires restent inachevés, souvent en raison de surfinancements mal gérés ou de fonds détournés. Ces échecs, bien documentés par la Cour des Comptes, mettent en évidence un manque de contrôle et de suivi rigoureux des projets financés par les fonds publics. Cependant, quelques réussites notables sont également mentionnées, comme certains projets bien exécutés dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse). Ces succès illustrent le potentiel d’une gestion budgétaire rigoureuse, mais ils demeurent l’exception plutôt que la règle. Les observations de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques révèlent l’impact direct sur la qualité de vie des Sénégalais. Les coupures d’électricité, les pénuries d’eau et les carences en infrastructures de transport sont autant de conséquences de budgets mal planifiés ou détournés. Chaque service défaillant est un rappel cruel que l’argent public, lorsqu’il est mal utilisé, coûte plus cher en termes de souffrance collective. En revanche, lorsque les fonds publics sont bien gérés, les résultats sont immédiats et positifs : un meilleur accès aux soins, des routes qui désenclavent des régions ou encore des écoles mieux équipées. Ces exemples, bien que rares, montrent que la gestion des fonds publics peut être un outil puissant de transformation sociale. Le rapport de la Cour des Comptes offre aux citoyens une base solide pour exiger des comptes. La transparence budgétaire ne doit pas rester un concept technique réservé aux spécialistes, mais un enjeu de société. Les Sénégalais ont le droit de savoir comment leur argent est utilisé et, surtout, d’exiger que chaque franc dépensé profite directement au bien-être collectif.
En fin de compte, le regard des citoyens sur ce rapport est essentiel. Il ne s’agit pas simplement de dénoncer des pratiques, mais de construire un système dans lequel la gestion des fonds publics devient un levier d’amélioration des conditions de vie pour tous. Comme le rappelle la Cour des Comptes, la qualité de la gouvernance financière est un indicateur clé de la solidité et de l’efficacité des institutions publiques. L’enjeu dépasse donc les chiffres : il s’agit de redonner confiance aux citoyens en leur montrant que leur argent, correctement géré, peut changer leur vie et construire un Sénégal plus juste et équitable.
Par Mouhamadou Moustapha SY