La première secrétaire élue à l’Assemblée nationale, Maïmouna Bousso, est connue pour son engagement et ses déclarations crues. Engagée depuis longtemps avec son mouvement « Xalaass : Volonté populaire » qu’elle a fini par dissoudre dans le Pastef, la jeune dame est passée du mannequinat à l’hémicycle.
Maïmouna Bousso, c’est la franchise qui frise la défiance à chacune de ses sorties médiatiques ou sur la tribune de l’Assemblée nationale. Son langage est cash et la détermination apparait sur son visage chaque fois qu’elle s’exprime. Même si son engagement a été amplifié par ses actions menées depuis qu’elle a intégré le Pastef, Maïmouna Bousso a longtemps milité dans les structures à la périphérie des partis politiques. Elle a fondé, il y a plus de 10 ans, son mouvement « Xalaass : Volonté populaire ».
« Notre association s’appelle mouvement ‘’Xalaass : Volonté populaire’’ et elle a été créée en 2013 suite à une épreuve que j’ai vécue pour lutter contre les injustices qui constituent un frein au développement de notre pays », confiait-elle dans une interview accordée au magazine « Amina » en mars 2015. À ce moment, elle a été très active dans le combat pour le respect des droits de l’homme. Elle dénonçait aussi le fonctionnement de la justice, notamment dans l’affaire Karim Wade face à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Plus tard, la présidente du mouvement « Xalaass : Volonté populaire » va s’engager aussi pour la libération de Khalifa Sall. En juillet 2019, elle a signé avec plusieurs femmes leaders politiques, comme Aïda Mbodji, Amsatou Sow Sidibé, Élène Tine, Nafissatou Wade, un document exigeant la libération de l’ancien maire de Dakar.
Engagement
Ce militantisme va l’amener à s’allier avec le Pastef de Ousmane Sonko. C’est au moment où la situation était difficile pour l’actuel Premier ministre et ses alliés politiques que beaucoup découvrent Maïmouna Bousso. Elle défendait, sans gants, l’ancien maire de Ziguinchor en dénonçant publiquement les injustices dont il faisait l’objet. Lorsque M. Sonko fut arrêté, on se rappelle ses « lives » et ses messages sur Facebook dans lesquels elle demandait à faire face dans son style que d’aucuns prenaient comme une défiance à l’autorité. Normal puisqu’elle a toujours fait de la lutte contre l’injustice un principe.
« Ce qui m’indigne actuellement c’est : l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Parce que dans notre pays, il est fréquent de voir un citoyen lambda perdre ses droits devant un autre à cause d’une justice à deux vitesses et de l’influence des gouvernants dans le système », disait-elle dans le magazine « Amina ». Maïmouna Bousso née le 17 mars 1980 à Khouma. La dame au teint clair, une partie du visage toujours couverte de grosses lunettes de marque, a un parcours assez atypique. La gestionnaire de société (fonction déclarée à l’Assemblée nationale), après ses études, a entamé une carrière dans le mannequinat au Sénégal et en Italie de 1997 à 2002. Quelques années plus tard, celle qui ne rate pas l’occasion de mettre en évidence sa démarche d’ancienne mannequine dans les couloirs de l’Assemblée nationale revient au Sénégal pour investir dans le milieu de la mode et de l’import-export. Bien avant l’arrivée de Pastef au pouvoir, elle a dissous son mouvement dans la formation politique présidée par Ousmane Sonko. Elle a été élue députée lors des élections législatives du 17 novembre 2024.
À l’ouverture de la session ordinaire unique 2025-2026 de l’Assemblée nationale, le 15 octobre 2025, Mme Bousso a été élue 1er secrétaire élue. Elle reste ainsi dans le bureau de l’Assemblée pour la deuxième année parlementaire. En décembre 2024, elle avait déjà intégré le bureau de l’Assemblée nationale avec la même fonction. À l’Assemblée, Maïmouna Bousso reste déterminée à matérialiser sa vision. « Dès la rentrée parlementaire, je soumettrai des propositions de loi à mon groupe parlementaire (Pastef/Les Patriotes) qui en évaluera la pertinence. L’objectif : criminaliser le détournement de deniers publics, mais surtout permettre la saisie automatique de tout bien appartenant à toute personne qui fuit ou refuse de répondre à la justice », avait-elle écrit sur sa page Facebook avant l’ouverture de la session ordinaire.
Oumar KANDE

