Avec 49 voix contre 30 pour son principal challenger, Ngoné Mbengue, Abass Fall succède à Barthélémy Dias à la tête de la Mairie de Dakar. Sur les 88 voix valablement exprimées, l’actuel ministre du Travail et responsable du Pastef a bénéficié de la confiance de plus de la moitié des conseillers de Dakar à l’issue d’un vote supervisé par le préfet de Dakar.
Ngoné Mbengue, jusque-là maire intérimaire depuis la révocation de Barthélémy Dias par arrêté préfectoral suite à une condamnation pour meurtre, n’aura bénéficié que de 30 voix. La messe est dite. Le Pastef trône désormais à la tête de la capitale sénégalaise qui a toujours aiguisé l’appétit des différents régimes que le Sénégal a connus jusque-là. Érigée en commune en juin 1887, Dakar dont le contrôle a toujours cristallisé l’attention des hautes autorités de ce pays, respecte encore la tradition. D’abord le pouvoir colonial a mis à sa tête plusieurs fois des Français de la métropole avant que n’arrive le magistère de Sénégalais authentiques tels que Blaise Diagne, Lamine Guèye, Samba Guèye, Lamine Diack, Amadou Clédor Sall, etc. Ensuite, de Senghor à Abdou Diouf, le Parti socialiste a toujours fait de la Ville de Dakar sa chasse gardée.
Le règne des maires socialistes sera clôturé par le dernier mandat de Mamadou Diop. L’emblématique « Diop le maire » aura passé 18 ans à la tête de Dakar (1984- 2002). Avec l’arrivée du Parti démocratique sénégalais (Pds) d’Abdoulaye Wade en 2000 au pouvoir, c’est Pape Diop qui hérite du prestigieux fauteuil durant 7 ans. Ancien socialiste avant de créer son propre camp politique, Khalifa Sall devint maire en 2009 avant d’être déchu pour « détournement de deniers publics ». Soham Wardini et Barthélémy Dias qui lui succèdent sont toutefois issus de sa mouvance politique, « Taxawu Dakaar », qui deviendra « Taxawu Sénégaal » lors de la présidentielle de 2024. Aujourd’hui, avec l’arrivée d’Abass Fall, le Pastef reprend en main cette Mairie qui a toujours été dans l’escarcelle du pouvoir en place.
En dépit des menaces et mises en garde de Barthélémy Dias sur un complot qui aurait été ourdi contre lui, le Pastef a joué la carte de la Realpolitik. Dakar sera de Pastef ou ne sera pas semblaient dire Ousmane Sonko et ses partisans. Surtout qu’avec la désignation de Ngoné Mbengue par « Taxawu Sénégal », Barthélémy Dias ne parlait pas le même langage que son mentor Khalifa Sall. Ensuite, les enjeux futurs auxquels la Ville de Dakar fait face, avec l’organisation prochaine des Jeux olympiques de la Jeunesse (Cojoj Dakar 2026), en valaient la chandelle.
Pour Pastef, c’était une belle occasion pour redorer son blason dans cette commune clé où il ne détient qu’une dizaine de conseillers municipaux issus de ses rangs. En outre, Dakar c’est un budget de près de 70 milliards de FCfa ; une Ville capable de lever des fonds sur le marché de l’Uemoa. Aujourd’hui, le fait de mettre la main sur ce pactole fait de Pastef l’heureux gagnant du Jackpot. Le nouveau maire a promis de faire de la Ville de Dakar une commune « moins politisée ». Place au travail !
Par Maguette NDONG