Alors que l’on s’attendait à un communiqué dense, lu comme à l’accoutumée à la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndieck Sarré, a inauguré un nouveau dispositif ce mercredi 8 janvier 2025, en présentant devant un pupitre les décisions issues du Conseil des ministres.
Dès l’entame de son intervention, le porte-parole a détaillé les objectifs de cette innovation : « Dans un souci de modernisation et d’accessibilité à l’information gouvernementale, le gouvernement a adopté une nouvelle approche interactive et simplifiée pour informer des décisions prises en Conseil des ministres », a-t-il déclaré.
Il a également précisé que lui, en tant que porte-parole, ainsi que d’autres ministres, si nécessaire, se relaieraient devant le pupitre pour exposer les points clés des décisions gouvernementales. Bien que ce changement rompe avec le traditionnel format de lecture télévisée, il suscite des discussions sur ses opportunités et ses limites. D’où cette analyse par Le Soleil Digital.
Une communication directe et plus accessible
Docteur Ngagne Fall, enseignant-chercheur en communication au CESTI, met en lumière les avantages de ce nouveau format. Il considère qu’il permettrait au gouvernement de revenir sur les décisions majeures, d’apporter des précisions et de répondre à des préoccupations d’actualité. Il évoque, à titre d’exemple, les récentes controverses sur certaines nominations, ayant nécessité deux interventions du Premier ministre en l’espace de huit mois. Ce nouveau format, estime-t-il, pourrait permettre aux ministres concernés d’expliquer directement les décisions, réduisant ainsi le besoin de telles interventions répétées.
Par ailleurs, Dr Fall souligne que ce dispositif peut contribuer efficacement à lutter contre la désinformation en offrant aux journalistes un accès direct à des informations officielles. « Ce format améliore l’accès à l’information et renforce la communication gouvernementale, tout en coupant court aux rumeurs », déclare-t-il. Il perçoit également cette innovation comme un moyen de rendre le Conseil des ministres plus attractif et accessible au public.
Une avancée pour les médias modernes
Daouda Sow, journaliste et rédacteur en chef à Médi1 TV, met en avant l’adéquation de ce format vidéo avec les besoins des médias contemporains. « Cela rompt avec la monotonie des longs textes lus au journal de la RTS et offre aux médias sociaux et audiovisuels du contenu exploitable », affirme-t-il. En mettant en avant les points essentiels du communiqué, le porte-parole améliore la clarté et la visibilité des décisions gouvernementales.
Cependant, le journaliste suggère une amélioration : intégrer, de manière périodique, une session de questions-réponses où deux ou trois journalistes issus des médias publics et privés pourraient solliciter des éclaircissements. Selon lui, « cette interactivité, bien qu’occasionnelle, renforcerait l’intérêt et la pertinence de cette initiative ».
Un format encore perfectible
Malgré ses mérites, ce dispositif n’est pas un modèle achevé de communication. Dr Ngagne Fall déplore que cette méthode reste, pour l’essentiel, une communication descendante. « Le changement n’est pas totalement assumé, car il s’agit simplement d’une présentation différente du même communiqué », observe-t-il. Pour rendre l’exercice plus interactif et démocratique, il préconise l’intégration systématique de questions-réponses avec la presse.
Daouda Sow partage cet avis : « permettre aux journalistes de poser des questions après la présentation apporterait plus d’éclairages et d’engagement citoyen. Cela éviterait aussi les polémiques en donnant directement la parole aux ministres concernés. » Il cite à cet égard les exemples de la France et des États-Unis, où les conférences de presse post-conseil des ministres incluent fréquemment des sessions interactives pouvant durer entre 30 minutes et une heure.
Ce nouveau format de communication marque une étape dans la modernisation des pratiques gouvernementales. Toutefois, pour en maximiser l’impact, l’ajout d’interactions avec les journalistes semble indispensable en langue locale. Cela contribuerait à renforcer la transparence et à accroître la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.