Présent au Forum de Davos d’été à Tianjin, en Chine, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a livré une analyse percutante sur la place de l’Afrique dans la reconfiguration économique mondiale.
Avec une vision résolument panafricaine et prospective, il a mis en avant les leviers sur lesquels le continent doit s’appuyer pour capter les dividendes de l’évolution géopolitique et technologique actuelle.
« La théorie des cercles concentriques, qui permettait de construire des modèles de développement à partir des sous-régions, et ensuite de pouvoir se retrouver, est la meilleure à mon avis », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité pour l’Afrique de construire l’intégration à partir de ses bases régionales.
Ousmane Sonko a ensuite évoqué le « piège de Thucydide », concept géopolitique selon lequel la montée de nouvelles puissances face à une puissance dominante peut conduire à des tensions, voire à des conflits :
« Depuis des années je parlais du piège de Thucydide : un empire qui dominait le monde et qui de plus en plus voit d’autres arriver. Cela peut créer des réflexes de repli, voire déclencher des guerres économiques… L’Afrique doit pouvoir se positionner et capter les dividendes de cette situation. »
Pour l’ancien opposant devenu chef du gouvernement, le monde a besoin de nouveaux espaces de croissance, et l’Afrique est au cœur de cette dynamique. « Le monde doit expérimenter d’autres espaces de croissance. Pour moi, il y en a deux : l’espace immatériel, tiré par les nouvelles technologies, et l’espace géographique, qui ne peut être que l’Afrique. », a-t-il affirmé.
Le chef du gouvernement rappelle que le continent est le seul endroit au monde où « tout est à construire », soulignant l’ampleur des opportunités : « C’est un marché important, avec une demande croissante en produits industriels et en services sophistiqués. L’Afrique représentera 25 % de la population mondiale en 2050. »
Mais il met aussi les États africains devant leurs responsabilités : « Une partie du travail doit aussi être faite par nous, Africains. Il faut créer les garanties et les gages qui donnent confiance. »
Enfin, il a évoqué la place du Sénégal dans cette dynamique régionale : « Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour faire du Sénégal un hub pour l’Afrique de l’Ouest. »