Ousmane Sonko et la France, une longue histoire de désamour

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Après la sortie du président Emmanuel Macron sur le retrait « négocié » des bases militaires françaises de plusieurs pays d’Afrique, le Premier ministre Ousmane Sonko l’a sèchement contredit. Une déclaration qui va dans le sens de plusieurs sorties de Sonko envers l’ancienne puissance colonisatrice.

Ousmane Sonko n’a pas sa langue dans sa poche, surtout lorsqu’il s’agit de la France. Le guide du Pastef n’hésite jamais à montrer son désaccord. Sa réponse à Emmanuel Macron ce lundi en est d’ailleurs une preuve. Cependant, ce n’est pas la première fois que l’actuel Premier ministre du Sénégal se fend d’une déclaration de souverainisme assumé vis-à-vis de la France. Dès ses premiers pas en politique, il a toujours été clair : le Sénégal aux Sénégalais, l’Afrique aux Africains.
Ce souverainisme est le fil rouge du discours d’Ousmane Sonko. Dès les balbutiements de sa bataille avec Macky Sall, le président du Pastef accusait le désormais ex-président sénégalais d’être au service des intérêts français. Un argumentaire basé sur trois axes : d’abord, en fustigeant la présence des bases militaires françaises ; ensuite en pestant contre le Franc CFA qui n’est, selon lui, qu’un outil d’appauvrissement des pays africains par l’ancien colonisateur ; enfin en assurant que les Sénégalais et les Africains en général ne pouvaient compter que sur eux-mêmes dans l’optique d’atteindre le développement escompté.

Identité africaine assumée ou populisme ?

D’ailleurs, Ousmane Sonko n’avait pas hésité à égratigner Emmanuel Macron et son positionnement sur l’Afrique lorsqu’il recevait, à Dakar, Jean-Luc Mélanchon en mai dernier. « Nous y avons presque cru lorsque le président Macron déclinait la nouvelle doctrine africaine de l’Elysée, [le] refus de tout soutien politique à des régimes autoritaires et corrompus. Ce n’est pas ce qui s’est passé au Sénégal », avait-il regretté.
Ousmane Sonko, au-delà de la question économique, vise aussi un souverainisme culturel et social. Ainsi, il refuse toute pression de l’Occident, notamment concernant les « lobbys homosexuels ». « La question du genre revient régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, même souvent comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers », défendait-il, toujours lors de la visite de Melenchon ;
Néanmoins, ces positions interpellent les opposants d’Ousmane Sonko. Le souverainisme et panafricanisme social est certes une bonne idée dans la mesure où le secret du développement sont rarement hexogènes. Mais les détracteurs pensent que ce discours est empreint d’un certain populisme. Les populations africaines, depuis plusieurs années, ont pris à bras le corps le combat pour enfin se départir de l’influence de la France. Au Sénégal, ce discours défiant le contrôle des « Gaulois nos ancêtres » a également fait mouche.
Donc, voir un homme politique, né après indépendances, tenir tête à la France, a élevé Ousmane Sonko au rang d’idole de toute une génération. Cependant, il serait réducteur de confiner Sonko à un populiste qui veut simplement faire plaisir à la masse.
Sa vision politique dépasse la satisfaction personnelle des populations concernant une défiance de la France. Ses positions sont simplement mues par le désir de libérer le Sénégal de toutes les contraintes, qu’elles soient économiques, sociales, politiques, culturelles…

Oumar Boubacar NDONGO

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