À l’occasion de la présentation du plan de redressement du Sénégal, ce vendredi 1er août 2025, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, a exposé les grandes lignes de la stratégie gouvernementale visant à restaurer la souveraineté budgétaire et à impulser un développement endogène et durable.
Son intervention a mis en lumière les défis actuels et les orientations futures pour le financement et la croissance du pays. Le ministre a réaffirmé l’objectif d’un développement endogène et durable pour le Sénégal, fondé sur des territoires responsabilisés et compétitifs. Il a cependant immédiatement souligné les difficultés financières actuelles du pays. La suspension du programme avec le FMI, consécutive à l’audit des finances publiques, a sévèrement impacté l’accès du Sénégal aux marchés financiers internationaux et aux appuis budgétaires. Cette situation a créé, selon lui, un manque de financements significatifs pour le plan quinquennal, « dans un contexte mondial de réduction de l’aide publique au développement ».
Le ministre a rappelé que, malgré l’appartenance à une union monétaire crédible avec des règles budgétaires strictes, le Sénégal fait face à des contraintes budgétaires importantes. L’endettement de l’État central, estimé à 119 % du PIB fin 2024, est jugé insoutenable et inefficace, ayant conduit à des crises d’endettement cycliques tous les vingt ans. M. Sarr a insisté sur la nécessité de briser ce cycle.
Il a également pointé du doigt la décélération de la croissance non agricole depuis 2018 (passant de 5,8 % en 2017 à 3,5 % en 2024), avant même la COVID-19, et la faible productivité des investissements publics, caractérisée par une inefficacité dans l’allocation des ressources et une inefficience dans leur utilisation. Ces éléments ont contribué à des déséquilibres macroéconomiques persistants, notamment des déficits budgétaires cachés et des déficits jumeaux.
La vision Sénégal 2050 : un changement de paradigme
Pour faire face à ces défis, le ministre fait savoir que la Vision Sénégal 2050 propose une transformation systémique majeure, qui « consistera à mettre le secteur privé et les citoyens au-devant ». Cette nouvelle approche vise à s’éloigner d’un modèle de développement centré sur l’endettement de l’État.
L’État s’orientera ainsi vers le financement et la délégation de services publics via des concessions et autres partenariats, tout en appuyant les « champions » nationaux par le biais de Partenariats Public-Privé (PPP). Une exigence forte de contenu local sera mise en avant pour créer des opportunités concrètes pour l’économie sénégalaise. Le ministre a notamment souligné l’effet de levier budgétaire que cette approche peut générer : un franc CFA de ressources publiques dépensées dans le cadre de concessions peut potentiellement doubler la contribution publique dans les secteurs sociaux (éducation, santé, infrastructures de base) et la multiplier par quatre dans les secteurs marchands, grâce aux paiements des usagers.
Par ailleurs, la territorialisation des politiques publiques est un pilier fondamental de cette vision, avec l’intégration de cette doctrine dans les 25 lettres de politique sectorielle, afin de rapprocher les décisions des citoyens. L’objectif est clair : « utiliser l’instrument budgétaire non plus simplement sous le leadership de l’État par l’endettement, mais comme un instrument d’effet de levier au service du secteur privé, des collectivités locales et des citoyens, afin d’accélérer la croissance et la productivité ».
Le plan de redressement : objectifs et mesures
Face aux contraintes actuelles, le Premier ministre a mis en place une task force multidisciplinaire pour élaborer un plan de redressement. Ce plan vise à créer des marges de manœuvre budgétaires à court terme, afin de rétablir durablement les équilibres budgétaires et financiers du pays et préserver la soutenabilité de la dette.
Ce plan de redressement poursuit des objectifs précis et interdépendants. Premièrement, « il s’agira d’améliorer la qualité et l’opportunité de la dépense publique en réorientant les ressources vers des investissements pertinents et efficaces. Deuxièmement, le plan vise une réduction significative de la dette de 3 % à l’horizon 2027, afin d’inscrire le ratio dette/PIB sur une trajectoire descendante, gage de stabilité financière. Enfin, le gouvernement s’engage à conduire les réformes nécessaires pour appuyer le secteur privé, lui permettant de prendre le relais et de devenir le véritable moteur de la croissance dans cette transformation systémique ».
Le ministre Abdourahmane Sarr a conclu en affirmant que ce plan de redressement enverra un signal positif aux marchés financiers internationaux, facilitant la mobilisation de financements extérieurs à des conditions plus favorables. La confirmation de la solidité du cadre macroéconomique par les partenaires, notamment le FMI, viendra conforter ces efforts nationaux. L’objectif ultime est de retrouver la souveraineté budgétaire, condition essentielle pour réaliser les ambitions de la Vision 2035, à savoir une accélération de la croissance, de la productivité et de l’emploi, avec un taux d’au moins 5 % à moyen terme.