La position stratégique s’ajoute un leadership africain et mondial confirmé. En effet, tous les présidents qui se sont succédé au Palais de l’Avenue de la République ont vendu, à leur manière, la diplomatie sénégalaise.
Avec des approches différentes et des méthodes diversifiées, chaque président s’est illustré de la plus belle manière, en apportant sa pierre à l’édifice. En premier, le président Léopold Sédar Senghor (1960–1980), comme l’atteste le diplomate Cheikh Niang.
« Depuis 1960, dit-il, le Sénégal s’est illustré par une continuité diplomatique remarquable, portée par une succession de chefs d’État qui, chacun à sa manière, ont renforcé la stature internationale du pays. Léopold Sédar Senghor, humaniste et homme de pensée, est le père fondateur d’une diplomatie d’ouverture et de dialogue. Il a jeté les bases d’une diplomatie résolument tournée vers le multilatéralisme, la coopération culturelle et la paix ».
De l’avis du diplomate, le président Senghor a inscrit la diplomatie sénégalaise dans une quadruple ouverture. D’abord, vers l’Europe et l’Occident, à travers une francophonie fondée sur la réciprocité culturelle et le respect mutuel ; ensuite, vers les puissances non occidentales (Urss, Chine, Inde), en adoptant une posture non conflictuelle et constructive ; puis, vers l’Afrique, en promouvant le panafricanisme pragmatique et le dialogue interafricain, notamment dans le cadre de l’Organisation de l’unité africaine (Oua) ; et enfin, vers le monde, à travers une politique de non-alignement active et une valorisation du rôle des intellectuels africains dans la gouvernance mondiale.
Le politologue Moussa Diaw est du même avis. Il estime que l’enfant de Joal a posé les premiers jalons d’une diplomatie universelle qui a ouvert le monde au Sénégal. À cet effet, dit-il, le travail, la conception et l’orientation de la diplomatie sénégalaise, on le doit à Senghor. Cet enracinement, cette ouverture, c’était d’abord destiné au voisinage.
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« Il s’agissait de nouer des relations diplomatiques et de coopération avec les pays voisins, de s’ouvrir aux autres et de jouer un rôle important en Afrique de l’Ouest ». Et tout cela, poursuit-il, a été conforté par la stabilité politique du Sénégal.
« Ce qui fait que le Sénégal apparaît aux yeux du monde comme étant un pays stable, ouvert au monde, qui échange dans tous les domaines. Et le rôle de Senghor dans ses activités culturelles et de solidarisation de l’universel a ouvert le Sénégal au monde. Le fondement même de la diplomatie sénégalaise repose là-dessus », justifie le politologue.
Mieux, renforce l’ambassadeur Amadou Diop, la diplomatie sénégalaise repose sur des principes cardinaux, notamment le non-alignement, la résolution pacifique des différends, le dialogue et l’ouverture au monde.
« Ces principes, poursuit-il, ont permis au pays de bâtir des relations solides et de devenir une voix crédible dans les instances internationales. La solidarité africaine et la promotion constante de la paix ont inscrit le Sénégal au cœur des efforts diplomatiques régionaux et mondiaux. Le Sénégal a ainsi été un acteur décisif dans des moments clés de l’histoire mondiale ».
Du sauvetage de Yasser Arafat à Beyrouth à la résolution de conflits tels que la guerre Iran-Irak, en passant par son engagement résolu en faveur de l’éradication de l’Apartheid et de l’indépendance des pays d’Afrique australe, le Sénégal a, selon le diplomate, démontré son combat résolu pour la paix.
En outre, ajoute le diplomate, le pays a su marquer son empreinte en façonnant des cadres institutionnels durables, avec notamment la rédaction de chartes fondamentales comme celle de l’Oua, de l’Ua, du Traité d’Abuja pour le développement économique et social de l’Afrique ou du Nepad, de la Cedeao, de l’Uemoa, ou encore de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, sans oublier la Charte de l’Oci.
Par Ibrahima KANDE