Le chef de l’État a désigné Dr Cheikh Guèye comme facilitateur général du Dialogue national qui sera organisé du 28 mai au 4 juin 2025. L’homme incarne l’humilité et l’ouverture. Il se définit un homme de défis et de consensus.
« Je suis très honoré d’avoir été choisi par le Président de la République comme Facilitateur général du dialogue national consacré au système politique sénégalais (…) Je compte mener cette mission complexe avec beaucoup d’humilité et d’ouverture », avait réagi Dr Cheikh Gueye au lendemain de sa nomination par le Chef de l’Etat comme facilitateur général du Dialogue national sur le système politique. Dans une note envoyée au Soleil, il avait précisé : « La démarche de co-construction qu’il m’a instruite, commande une approche très inclusive et une auto-responsabilisation de toutes les forces vives de la communauté nationale pour des convergences fortes sur les mécanismes de refondation de notre démocratie ».
« Membre transpartisan de la société civile, mon choix s’est porté sur votre personne (Ndrl : Cheikh Guèye), pour superviser et guider ces réflexions en qualité de facilitateur général », avait renseigné le chef de l’État. Il a aussi rassuré le facilitateur général désigné de la disponibilité de l’État à l’accompagner dans sa mission. « Dans l’accompagnement de votre mission, vous pourrez naturellement compter sur l’appui des services de l’État », avait-il souligné. C’était le 03 avril dernier, lors de son adresse à la Nation.
Le Dr. Cheikh Gueye se définit à la fois comme un homme de défis et de consensus. Dans un entretien accordé au site « impact.sn », le 10 mars 2024, il disait ceci : « Pour retrouver une cohésion nationale, dans ses dimensions verticale (conjonction entre les composantes de la Nation et leurs institutions), horizontale (renforcement des liens entre composantes sociales et religieuses) et transversale (prise en charge des problématiques sociétales au sein des institutions supérieures), il faut des mesures et stratégies pour reconnecter le Sénégalais avec lui-même, ses principes et valeurs de civilisation ». Il a soutenu, un peu plus loin, toujours dans l’entretien, que « le leadership vertueux dépend du niveau d’exigence morale des citoyens et, à l’inverse, la vertu des citoyens dépend de l’exemplarité éthique du leader. La clé du changement souhaité au Sénégal réside ainsi dans cette conjonction heureuse que nous peinions à atteindre ».
Religions, territoires, et identités
Docteur en géographie de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, où il a soutenu une thèse portant sur la ville de Touba et la confrérie mouride, Cheikh Gueye est aussi un spécialiste de l’urbanisation et de l’environnement. Il a axé ses recherches sur les pays tropicaux et travaille depuis plus de 30 ans sur l’articulation entre religions, territoires, et identités. Il s’est particulièrement intéressé aux questions de développement, de changement climatique, de migration, aux politiques publiques, au contrat social sénégalais, à l’économie sociale et solidaire, à la mondialisation, et aux relations entre les États et les sociétés.
Rappelons qu’il est l’auteur de nombreuses publications, notamment une dizaine de livres et des articles dans des ouvrages collectifs au niveau national et international dont « Nouvelle vision pour la transformation du Sénégal : leviers stratégiques de rupture » (2025) ; « Sénégal post-Covid19 : souveraineté et rupture » (2021) et « État, Société et Islam au Sénégal, un air de nouveau temps » (2015).
Le Dr. Gueye occupe plusieurs rôles importants dans la sphère académique et citoyenne. Il a été le responsable de la veille et de la prospective à l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), une structure qui se définit comme un espace de réflexion, de dialogue et de proposition pour des politiques agricoles et rurales concertées au Sénégal et dans la région ouest-africaine. Il est le secrétaire général du Réseau sénégalais des think tanks (Senrtt), mais surtout secrétaire général du Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis). Rappelons qu’entre 2019 et 2024, le Cudis avait très souvent appelé au dialogue. M. Gueye est aussi fondateur de l’initiative « Diisoo », de l’Observatoire citoyen des politiques publiques (Ocipp), et de l’initiative Mobilisation nationale pour l’engagement citoyen, la souveraineté, l’unité et la refondation (Mesure). Il est le secrétaire permanent du Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa), une initiative continentale qui regroupe des institutions intergouvernementales, des think tanks, des Ong, ainsi que des chercheurs et intellectuels de tout le continent.
Unité et stabilité du Sénégal
Son engagement pour l’unité et la stabilité du Sénégal a nourri son expérience au sein d’initiatives au niveau national, régional et international lui permettant de développer une vision inclusive et une capacité unique à créer des ponts entre les secteurs. Son rôle actif dans des démarches de réflexion sur le développement durable, la gouvernance et la justice sociale renforce encore son aptitude à promouvoir une collaboration constructive entre des groupes parfois en opposition, faisant de lui un leader reconnu pour sa capacité à rassembler et à promouvoir des solutions partagées.
Dans le cadre de sa mission de préparation et de facilitation du Dialogue national sur le système politique, le Dr Cheikh Guèye, a effectué une tournée nationale de consultations auprès des principales autorités religieuses du pays. Il a partagé avec eux les termes de référence du dialogue, les objectifs recherchés, ainsi que les enjeux cruciaux liés à l’organisation d’élections apaisées, respectueuses de la volonté populaire et des principes démocratiques. Au cours de ces audiences empreintes de respect et de solennité, il a tenu à saluer le rôle éminent des guides religieux en tant que « grand faiseur de paix ». Il a réaffirmé que les guides religieux occupent une place centrale dans la préservation de la cohésion sociale et de la paix au Sénégal. Il a aussi insisté sur la nécessité pour le dialogue national de bâtir un consensus fort autour de règles du jeu politique équitables, afin de restaurer la confiance, éviter les tensions et consolider la démocratie sénégalaise.
Aly DIOUF