D’une démarche sûre et assurée, l’homme de 39 ans s’avance vers le pupitre au cœur de l’hémicycle à l’occasion de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, Ousmane Sonko, le 27 décembre dernier afin de lancer son message pour un contrôle strict des étrangers dans notre pays. « Il nous faut instaurer une carte de séjour à court et long terme pour les étrangers sauf les Gambiens, car cela permettra aux Sénégalais d’avoir accès à l’emploi », a affirmé Tahirou Sarr, leader du parti « Les nationalistes, « Jël liñu moom » (ndlr : Prendre ce qui nous appartient). Derrière ses grosses lunettes barrant un visage rond, le nouveau député de la 15e législature au discours décomplexé, a réussi à séduire une partie de l’électorat en pointant du doigt les étrangers coupables, à ses yeux, du déclassement social de certains Sénégalais et de la compression des salaires au détriment des nationaux. Tahirou Sarr dans un style posé et calme a su s’imposer comme une des figures marquantes des réseaux sociaux en multipliant les coups d’éclat comme celui de vouloir interdire aux Libanaises d’accoucher au Sénégal pour cause de réciprocité à des rumeurs concernant l’interdiction d’accoucher pour les africaines au pays des cèdres. Des propos polémiques qui l’ont rendu populaire au sein d’une frange de la population, notamment les jeunes. Son parti s’est classé 6e lors des dernières élections législatives avec 26 876 voix (0,74%) derrière Pastef, « Takku Wallu Sénégal », « Jam ak Njarin », «Samm Sa Kaddu » et la coalition « And Nawlé ».
Cet ancien militant du parti « Rewmi » qui a choisi la voie du nationalisme, multiplie les saillies contre les communautés guinéennes accusées d’imposer une concurrence déloyale aux travailleurs sénégalais. Ainsi, il réclame une politique nationale centrée sur la préférence nationale dans l’accès au logement, à l’emploi et l’interdiction de l’accès à la propriété foncière aux étrangers. Des propos controversés qui lui ont valu plus tard d’être dans le viseur du Cnra (Conseil Nationale de Régulation Audio- visuel) qui a demandé aux médias audiovisuels de « mettre un terme définitif » à la diffusion de « messages xénophobes contre certaines communautés, de nationalité sénégalaise ou établies au Sénégal », indique un communiqué publié le 2 avril passé. Une déclaration destinée au leader des Nationalistes, souvent accusé par les organisations de droits de l’homme de diffuser des propos susceptibles d’inciter à la haine, à la discrimination et au racisme. « Je n’ai pas peur des qualificatifs raciste, xénophobe. Tout mon engagement vise à préserver notre sécurité nationale en assurant un meilleur contrôle des étrangers qui entrent dans notre pays », a-t-il indiqué dans la presse en février. Sous ce vernis d’un ultranationalisme assumé, ce consultant dans un cabinet-conseils en politique a aussi choisi comme cheval de bataille la lutte contre les fraudes à l’état civil qui, dit-il, font des Sénégalais des sans- papiers dans leur propre pays.
Mamadou Makhfouse NGOM