Face à la presse, hier, les députés de l’opposition ont annoncé qu’ils vont boycotter les travaux de la plénière relative aux questions d’actualité du Premier ministre. Une décision qu’ils disent prendre pour dénoncer « les violations du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale » par le président de l’institution, El Malick Ndiaye, et « le manque de respect » du chef du gouvernement à l’encontre des députés de l’opposition.
Le Premier ministre Ousmane Sonko devait faire face aux députés aujourd’hui. Mais, cette séance de question d’actualité a été reportée jusqu’au 14 avril à cause du rappel à Dieu du Khalife général de la communauté layène. Toutefois, ce sera sans les députés de l’opposition. Ces derniers ont fait face, hier, à la presse pour annoncer qu’ils vont boycotter cette séance. « L’opposition parlementaire a décidé de boycotter les travaux de la plénière, initialement prévus le 10 avril, mais qui viennent d’être reportés », a annoncé Thierno Alassane Sall, député non-inscrit et président du mouvement « La République des valeurs », qui a lu la déclaration préliminaire en français. Selon lui, la première raison qui fonde le boycott consiste en « la violation répétée et délibérée du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale par la majorité, sous l’impulsion du président de l’institution qui agit comme le président du groupe parlementaire de Pastef ».
De l’avis de M. Sall, il est patent et manifeste que dans sa composition actuelle, le Bureau de l’Assemblée nationale viole la loi portant sur la parité. « L’Assemblée nationale viole ouvertement les lois qu’elle vote. Son président viole, au quotidien, la loi en refusant la parole aux députés de l’opposition quand ils font appel au Règlement intérieur, ne serait-ce que pour expliciter leur démarche », a-t-il soutenu. Il estime que le président de l’Assemblée nationale se prend aussi pour « un surveillant de camp » plutôt que pour la deuxième personnalité de l’État. À cet effet, M. Sall et ses camarades demandent au président de l’Assemblée nationale de se ressaisir pendant qu’il est encore temps. « Nous lui demandons de se débarrasser de ses habits de militants et d’être à la hauteur de la dignité de son rang », ont-ils déclaré. Ils regrettent également que les passages du Premier ministre à l’Assemblée, loin d’être des moments d’échanges d’idées, se transforment en des joutes « d’attaques crypto-personnelles ».
Les députés de l’opposition disent être disposés à poursuivre l’exercice à la double condition : « Que le Premier ministre respecte les règles du jeu en prenant l’ensemble des députés, y compris ceux de son propre camp, pour ce qu’ils sont ». Pour sa part, Me Aïssata Tall Sall a soutenu qu’ils ont fait ce boycott à titre d’avertissement. Mais, elle a précisé qu’ils « [vont] continuer à faire [leur] travail de parlementaires quand il s’agira de voter des lois et des budgets ». Sur un autre registre, les députés de l’opposition ont annoncé qu’ils ont déposé un recours au greffe du Conseil constitutionnel pour attaquer la loi interprétative de la loi d’amnistie. Ils ont indiqué que cette requête a été signée par 23 députés de l’opposition. « C’est presque une adhésion totale. Pour l’essentiel, l’opposition a voté contre cette proposition de loi scélérate », a déclaré le député Mbaye Dione, soutenant qu’ils font confiance au Conseil constitutionnel.
Aliou DIOUF