Entre le marteau de la faiblesse des ressources humaines et l’enclume de capacités financières presque inexistantes, les collectivités territoriales sont vulnérables aux changements climatiques. Khadija Mahécor Diouf, maire de Golf Sud et Maguette Sène, maire de Malicounda ont fait entendre leurs voix.
Pour devenir des territoires résilients, les collectivités territoriales se mobilisent mais se sont pas outillés. C’est l’amer constat de Khadija Mahécor Diouf, maire de la commune de Golf Sud dans le département de Guédiawaye. D’après l’édile, l’architecture actuelle des municipalités ne leur permet pas de faire face au changement climatique. «Nous manquons aujourd’hui de textes et d’instruments pour véritablement opérationnaliser cette question climatique.
Donc, l’Acte 3 de la décentralisation a de véritables limites pour permettre une véritable territorialisation de l’action climatique au niveau de la base», a-t-elle constaté. Pour Maguette Sène, maire de Malicounda, l’Acte 2 de la décentralisation de 1996 a pourtant mis en place un environnement favorable pour que les communes puissent intervenir dans le domaine de l’environnement. «Il y a tout un dispositif qui prévoit que les communes et les collectivités territoriales puissent mener des actions de protection, d’entretien des forêts, des zones protégées, des sites naturels. Dispositif juridique qui a été repris presque identiquement par l’Acte 3 de la décentralisation», a souligné l’ancien directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud).
Toutefois, il estime que les collectivités territoriales se heurtent à la matérialisation de la loi sur le terrain. «Je crois que ça dépend du volontarisme, de l’engagement et du travail des différents acteurs que sont les communautés, les collectivités territoriales, mais aussi des partenaires techniques et financiers et l’Etat du Sénégal», a décliné Maguette Sène. Ce dernier également député précise qu’une récente révision sur le budget des collectivités territoriales autorise désormais une intégration explicite des dépenses climatiques. En tout état de cause, il y a une réflexion en cours pour que les collectivités territoriales soient plus efficaces dans le domaine du développement durable.
Selon Aissatou Dramé Bâ, responsable de projet à Enda Ecopop et chargée dispositif d’appui conseil aux collectivités territoriales note une faible capacité en ingénierie technique locale sur les questions d’adaptation et d’atténuation.
«Cela nous amène à encourager l’État à aller vers une effectivité de la fonction publique locale pour pouvoir doter ces collectivités territoriales de personnes ressources compétentes qui pourront prendre en charge ces enjeux liés au changement climatique», a-t-elle invité. L’autre limite, c’est la difficulté à mobiliser les financements pour pérenniser les initiatives. «Nous n’avons pas accès au Fonds vert pour le climat», a déploré Khadja Mahécor Diouf.
Babacar Guèye DIOP