Depuis quelques années, la Ville de Rufisque a enclenché le processus de « sénégalisation » des noms de ses rues, avenues, boulevards et autres. Les premières initiatives remontent au temps de l’ancienne équipe municipale sous la direction du maire Daouda Niang.
RUFISQUE – Comme chaque matin, et depuis près d’une année, le célèbre boulevard Maurice Guèye de Rufisque vibre au rythme des vrombissements des voitures et des embouteillages à cause des travaux de Promovilles. Automobilistes et simples passants se disputent les voies secondaires de circulation. Les activités commerciales, prédominantes, se développent dans le centre-ville dit « Vieux Rufisque ». À l’instar de Dakar, Gorée et Saint-Louis, le Vieux Rufisque qui polarise les quartiers de Keury Kao et Keury Souf porte le lourd héritage de son passé colonial, en témoigne la dénomination de presque toutes les rues et places (Faidherbe, Demoby, Garone, Léon-Armand, Péchot, Saver, etc.).
L’idée de « décoloniser » les noms de certaines rues, en les rebaptisant du nom de figures politiques, culturelles ou religieuses, n’est pas récente et a germé bien avant. Selon Abdoulaye Diouf, responsable du panneautage à la ville de Rufisque, d’anciennes rues, comme celle de Gambetta, furent rebaptisées au nom d’Ousmane Socé Diop (1911-1973), écrivain, homme politique et maire de Rufisque à deux reprises. L’autre rue, c’est celle de Paul Siamois, devenue rue Adama Lô. L’avènement du maire Daouda Niang à la tête de la ville inaugura une nouvelle ère dans l’élan d’honorer les dignes fils du terroir. En 2018, la rue principale a été « rebaptisée » au nom d’Anta Madjiguène Ndiaye Anna Kingsley (1793-1870), une princesse wolof réduite en esclavage et vendue à Cuba. Une nouvelle dynamique « L’idée de rebaptiser certaines rues a été une préoccupation des autorités municipales et même de la population dans sa globalité.
Les premières initiatives remontent au temps de l’ancienne équipe municipale avec le maire Daouda Niang », tient à souligner Abdoulaye Diouf. Un large comité de suivi, en synergie avec les autres maires des communes, sous la coordination de l’actuel secrétaire général de la Ville, a été mis en place. Ainsi, suite à la délibération du Conseil municipal, l’axe qui va de Dioutiba à la clinique Rada est devenu « boulevard Alioune Badara Mbengue », le tronçon qui part du rond-point de la clinique Rada au pont Mérina (terminus DDD) garde le nom de « boulevard Maurice Guèye », tandis que le tronçon qui va de ce pont Mérina est rebaptisé « boulevard Mbaye Jacques Diop ». À côté de ses figures politiques, il y a aussi les figures emblématiques religieuses : El Hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba ont une avenue qui porte leurs noms. Pour le premier nommé, il s’agit de l’ancienne route des Hlm et pour le second, il s’agit de la route de Sangalkam.L’actuel maire, Dr Oumar Cissé, s’évertue dans ce chantier. Cette année, il a rebaptisé la place Gabard au profit d’Alé Gaye Diop. Et loin de la mairie, la Maison des Arts porte le nom d’Adja Khar Mbaye. Abdoulaye Diouf demeure convaincu que l’initiative du comité de suivi, perturbée par la Covid-19, va reprendre les travaux avec la nouvelle équipe municipale.
Mohamed DIÈNE (Correspondant)

