Le président de la Républiqu, Bassirou Diomaye Faye, a affirmé, lundi, devant la plénière du 7ᵉ Sommet UE-UA à Luanda, que « pour des actions plus efficaces, il faut un multilatéralisme fort et revitalisé ».
Le chef de l’Etat a en effet appelé à une coopération plus structurée entre l’Afrique et l’Europe afin de faire face aux crises sécuritaires et géopolitiques qui secouent le monde.
Intervenant lors d’une session consacrée à la paix, la sécurité et au multilatéralisme, il a soutenu que les deux continents « ont un destin sécuritaire lié et cela a un prix », ajoutant qu’« il est vital de se donner les moyens d’assurer un minimum de défense » face aux menaces croissantes dans le Sahel et ailleurs.
Bassirou Diomaye Faye a replacé son propos dans un contexte mondial jugé particulièrement inquiétant, marqué par « des guerres majeures, une expansion du terrorisme, des crises financières, des guerres commerciales, des risques de pandémies ainsi que des changements climatiques galopants ». Il a mis en garde contre « la banalisation de l’impunité » et « les postures unilatéralistes » qui, selon lui, « nous rapprochent du chaos ».
Le Président sénégalais a présenté cinq priorités pour renforcer la sécurité en Afrique. Il a d’abord appelé à soutenir l’Architecture africaine de paix et de sécurité (Apsa) et l’Architecture africaine de Gouvernance, avant de proposer une révision profonde des doctrines d’opérations de maintien de la paix, incluant « l’intégration pleine de la lutte contre le terrorisme dans les opérations de paix onusiennes et africaines ». Il a également insisté sur « une coordination renforcée » contre le terrorisme et les trafics illicites, rappelant que ces menaces « risquent de déstabiliser tout le Sahel ».
Le chef de l’État a souligné la nécessité d’un « financement prévisible, pérenne et adéquat » des opérations de paix et d’investissements orientés vers « la prévention des crises » et la promotion d’une paix durable centrée sur l’humain. Il a estimé que ces actions ne peuvent être efficaces que dans le cadre d’un multilatéralisme remobilisé, reposant sur « la responsabilité partagée, une solidarité active, le respect du droit international et une justice universelle ». Cela implique, selon lui, « la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale » pour la rendre plus représentative.
En croisade contre les réseaux criminels
Bassirou Diomaye Faye a ensuite abordé la question migratoire, désormais indissociable des enjeux sécuritaires. Il a dénoncé l’existence de réseaux criminels de trafic d’êtres humains, expliquant que beaucoup de migrants « se retrouvent piégés et parfois endoctrinés », certains étant « souvent enrôlés de force » par des groupes djihadistes. Il a aussi affirmé que « les terroristes utilisent la migration pour se rendre dans les pays cibles ».
Évoquant l’expérience sénégalaise, il a indiqué que des mesures préventives, le renforcement de la surveillance côtière et des programmes de développement local ont permis « une réduction drastique des départs » depuis le Sénégal. Il a encouragé les partenaires européens à promouvoir davantage la « migration circulaire » par des voies sûres et ordonnées pour les travailleurs, étudiants et chercheurs.
Le Président sénégalais a enfin rappelé que le 7ᵉ Sommet UE-UA, qui marque le 25ᵉ anniversaire du partenariat entre les deux continents, doit être l’occasion de consolider une coopération stratégique fondée sur le dialogue, la solidarité et la stabilité partagée.
S.G


