Stabilité politique. Position géographique stratégique. Leadership confirmé : Le Sénégal coche toutes ces cases. Dakar, sa paisible capitale, abrite plusieurs institutions diplomatiques ainsi que des organisations régionales et internationales. Cet attirail fait de Dakar, un pôle diplomatique important en Afrique de l’Ouest et l’un des rares pays d’Afrique.
Mercredi 9 juillet. Dans une salle douillette de la Maison blanche, cinq chefs d’Etats africains, triés sur le volet, déroulent leur « feuille de route » devant Donald Trump. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, costume de rigueur, lunettes claires bien serrées, gestuelle millimétrée, fait partie des hôtes du président américain conviés à cette rencontre historique. Le moment est solennel. Pour son temps de parole, le chef de l’Etat vend la destination Sénégal et invite, du coup, les investisseurs privés américains à venir investir dans le pays réputé pour sa stabilité et l’exemplarité de sa démocratie.
Ce grand rendez-vous de Washington-DC, un des premiers sous la gouvernance Trump 2, marque un tournant décisif dans les relations entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Afrique. Mais au-delà, le choix porté sur le président Bassirou Diomaye Faye n’est pas fortuit. Sa présence en terre américaine (dé)montre la vitalité de la diplomatie sénégalaise. L’invitation adressée au chef de l’Etat pour participer à ce mini-sommet Usa-Afrique prouve à suffisance que le Sénégal compte sur l’échiquier politique mondial. Pour preuve, Dakar est devenu un hub diplomatique.
Une plaque tournante de la diplomatie mondiale où se côtoient ambassades et consulats, organisations régionales et institutions internationales. Pour Pr Papa Samba Ndiaye, Directeur de l’Ufr Sciences juridiques et politiques de l’Université Gaston Berger (Ugb), « Le Sénégal n’a pas connu de coup d’Etat. Le pays a vécu trois alternances pacifiques et il existe un pluralisme politique avéré. C’est le ‘’succès story’’ francophone qu’il faut montrer en exemple au reste du continent ». En plus, ajoute-t-il, le pays regorge d’un personnel diplomatique de qualité, des leaders politiques décomplexés, des ressources stratégiques rares et un Islam confrérique modéré et tolérant.
Son collègue Moussa Diaw explique : « C’est d’abord en rapport avec sa position géostratégique. Dakar a été la capitale de l’Afrique occidentale française (Aof). Donc, toute l’administration coloniale était centrée à Dakar. Cette position s’est renforcée après l’indépendance grâce au président Senghor qui avait une vision multiculturelle et universelle du monde. Il parlait de civilisation de l’universel et plaçait le Sénégal dans une dynamique de rapports au niveau international, à travers la culture ». Senghor, souligne-t-il, voulait une visibilité du pays non seulement au niveau académique et culturel mais aussi au niveau politique.
Il poursuit : « on était dans une période de guerre froide et il fallait se positionner. Position géographique stratégique C’est la raison pour laquelle Senghor était très actif au sein du tiers-monde, qui voulait prendre sa distance par rapport aux deux blocs. Il a multiplié ses rapports à l’extérieur et ce positionnement politique et économique a fait qu’il s’est rapproché du monde arabe et des autres entités ». En dépit des soubresauts de l’arène politique, le Sénégal reste et demeure un pays stable.
Une terre de paix et de concorde sociale. Une République laïque où vivent, en parfaite harmonie, musulmans, chrétiens et adeptes d’autres confessions. Outre, le pays est ancré dans une longue tradition démocratique qui date de plusieurs décennies. La capitale dakaroise a gardé son image de terre d’accueil. Une garantie qui attire et rassure institutions internationales et représentations diplomatiques. Selon le diplomate Cheikh Niang : « Alors que de nombreux pays de la région ont connu des instabilités institutionnelles, comme les prises de pouvoir militaires, crises postélectorales ou tensions sociales, le Sénégal a su préserver une démocratie relativement stable. Une alternance pacifique du pouvoir en 2000, 2012 et 2024, renforçant la légitimité des institutions sénégalaises sur la scène internationale. Un état de droit fonctionnel appuyé par une société civile dynamique, une presse libre et des institutions judiciaires en fonctionnement ».
Selon le diplomate, c’est cette stabilité du pays qui explique l’attractivité de Dakar. D’ailleurs, l’ancien ministre conseiller diplomatique des présidents Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade, Amadou Diop, l’illustre de très belle manière dans son ouvrage intitulé « Sénégal : Repères et grandeur d’une diplomatie » (2006). Porte d’entrée en Afrique de l’Ouest, le pays du poète Senghor est souvent cité en exemple en termes de vitalité démocratique. Cette aura fait de la nation sénégalaise un pays où il fait bon-vivre, propice aux affaires et aux investissements étrangers. Cette stabilité du pays conjuguée à une position stratégique fait de Dakar, un carrefour international incontournable. Un pôle attractif très prisé. Accords historiques Un avantage que décortique Amadou Diop, ancien ambassadeur du Sénégal auprès de la Belgique, du Luxembourg et de l’Union Européenne. Il dit à cet égard : « La capitale sénégalaise, Dakar, s’est affirmée comme un carrefour régional et international pour les grandes conférences et missions diplomatiques. Ce rôle central a offert au Sénégal une visibilité inédite, notamment par sa participation à des accords historiques comme ceux de Camp David. De plus, le pays s’est illustré par sa présence notable dans les organisations sous régionales (l’Omvs et la Cedeao), continentales (l’Union africaine (Ua) et le Nepad, et inter-régionales (l’Oci), témoignant de sa polyvalence et de son engagement soutenu ».
Mieux, ajoute le diplomate et conseiller principal des affaires étrangères de classe exceptionnelle, le Sénégal, élu à trois reprises au Conseil de sécurité de l’Onu en tant que membre non permanent, a consolidé sa crédibilité et son influence diplomatique ; crédibilité d’un pays se plaçant comme 7e plus gros contributeur mondial de troupes militaires, de police et civils, 3e au plan africain et 1er à l’échelle ouest africaine. L’ancien ambassadeur et représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies poursuit dans le même sillage.
« Dakar, dit Cheikh Niang, bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle sur la côte atlantique de l’Afrique, à la pointe ouest du continent. Cette localisation lui confère plusieurs atouts majeurs. Porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest, sa proximité avec l’Europe, les Amériques et les grandes routes maritimes internationales en fait un point d’accès privilégié pour les partenaires extérieurs. Carrefour régional, Dakar est un nœud de communications entre les pays du Sahel, ceux du Golfe de Guinée et au-delà, jouant ainsi un rôle de passerelle entre plusieurs sous-régions africaines ».
Toujours selon cet ancien ambassadeur du Sénégal en Afrique du Sud, aux Usa et au Japon, Dakar bénéficie d’une forte connectivité grâce notamment à l’aéroport international Blaise Diagne (Aidb), le Port autonome de Dakar (Pad), et bientôt le port en eaux profondes de Ndayane, symbolisant un positionnement à fort potentiel économique et appelé à se renforcer.
Ibrahima KANDE