La journaliste Maty Sarr Niang a également fait partie de la vague d’arrestations survenues en juin 2023 pour des publications sur sa page Facebook. Dans ces publications, elle exprimait son soutien au Pastef et dénonçait certaines pratiques du dernier régime. L’ex-détenue a été relaxée le 12 mars 2024, soit 12 jours avant la victoire de Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la présidentielle. Un an après, elle porte encore les stigmates de ces dix mois passés en détention.
La voix tremblante et le regard fuyant, Maty Sarr Niang peine à évoquer cette période de sa vie sans verser quelques larmes. « J’ai été kidnappée chez moi, à l’heure du déjeuner, et devant ma fille, par la police centrale. Après 10 mois de détention arbitraire à la maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6, j’ai été relaxée purement et simplement », raconte-t-elle, revenant sur cette épreuve. La journaliste confie avoir passé 300 jours dans « la chambre la plus chaude et la plus difficile » de la prison : la chambre 2.
La jeune femme a été accusée d’atteinte à la sécurité publique, d’atteinte à la sûreté de l’État, d’outrage à magistrat, de diffusion de fausses nouvelles et d’exercice illégal d’une fonction autorisée, entre autres. « Ces dix mois n’ont pas été simplement une épreuve, ils ont été une transformation. Je n’ai aucun regret, car je me battais pour un combat de principe », affirme-t-elle. Un an après, Maty Sarr Niang porte encore les marques de cette expérience douloureuse. « Le mal est profond et les plaies sont encore béantes. La seule chose qui pourra nous soulager, c’est que justice soit faite », plaide-t-elle.
Arame NDIAYE – Serigne DIENG