Lors de la campagne électorale en perspective des compétitions territoriales du 23 janvier 2022, le leader du parti Pastef, actuel Premier ministre, s’est engagé, s’il était élu maire, à rebaptiser certaines rues et avenues portant des noms « négativement chargés d’histoire coloniale ». Pour lui, c’est une question de souveraineté et d’affirmation de son identité. Ainsi, cette décision de changer les noms avait été entérinée par la nouvelle équipe municipale lors de la première session ordinaire tenue au mois de février de la même année. Cette année-là, sur une des rues très passantes de Ziguinchor, on pouvait lire : « Désormais, cette rue s’appelle Avenue du Tirailleur africain ».
Avant le 13 mai 2022, celle-ci s’appelait avenue du Capitaine Javelier. Pour Ousmane Sonko, le maintien de ces dénominations, plus de six décennies après l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, est une « offense à la dignité nationale ». Toutefois, il a, en son temps, décidé de se séparer du Lieutenant Lemoine qui porte désormais la rue Thiaroye 44, Lieutenant Truch disparait et laisse la place à la rue Séléki 1886, la rue de France est renommée rue de l’Union africaine et le Général de Gaulle devient alors la rue de la Paix.
Ce jour-là, l’ancien maire de la commune de Ziguinchor a estimé que rebaptiser toutes ces rues n’est pas fortuit. D’après Ousmane Sonko, cela permettra à tout jeune ziguinchorois, casamançais, sénégalais et africain de se rappeler que leurs grands-parents ont eu à résister face à l’oppression. À noter qu’avant que le maire de Ziguinchor ne passe à l’acte, une polémique est née de ce baptême. Djibril Sonko aura bientôt « ses rues » ? Le préfet du département de Ziguinchor d’alors lui avait demandé de ne pas rebaptiser ces rues, car n’étant pas de son ressort. En revanche, Ousmane Sonko a maintenu sa dynamique de changement. Au terme de ces baptêmes, l’ancien préfet a attaqué la décision du maire Ousmane Sonko devant l’une des Chambres de la Cour suprême. La juridiction avait alors donné raison au préfet. Mais jusqu’ici, ces cinq rues portent les mêmes noms. Pour l’actuel maire de Ziguinchor, Djibril Sonko, ces avenues doivent conserver les noms que son prédécesseur avait lui-même choisis.
« Je puis vous rassurer que ces rues que le maire Ousmane Sonko avait baptisées vont continuer à porter les noms, même si c’était à refaire. Mais, pour l’heure, aucun dispositif n’a été mis en place pour poursuivre ce travail de dénomination de certaines rues », a confié au journal Le Soleil le successeur d’Ousmane Sonko. Cependant, le maire de la commune de Ziguinchor a affirmé qu’une commission sera bientôt mise sur pied à cet effet. Celle-ci doit commencer à identifier les rues qui ne sont pas encore nommées. Bien avant Ousmane Sonko, l’ancien maire de la commune de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, a eu à baptiser certaines rues. En 2022, quelques semaines avant les élections législatives, il avait, en effet, donné le nom de l’avenue Bouaké (Kandialang) à l’une des plus grandes rues de la commune. Aussi, le changement de nom de l’avenue Mamadou Abdoulaye Sy (ancien maire de Ziguinchor), qui part du collège Charles Lwanga, en traversant le quartier Peyrissac, et mène au centre hospitalier régional, est, entre autres, son œuvre.
Gaustin DIATTA (Correspondant)


