À Médina Baye, la dimension universelle de Cheikh Al Islam Ibrahima Niass se reflète dans la physionomie de la cité. Marquée par la présence importante de diverses nationalités, elle respire l’international à chaque coin de rue.
Sur l’esplanade de la Grande mosquée de Médina Baye, les étrangers se distinguent par leur nombre et leur organisation. Ici, ce sont eux qui dominent le commerce des chapelets, tapis de prière, encens et autres objets liés à la spiritualité musulmane. Leurs étals, disposés en demi-cercle, font face à la grande mosquée qui abrite le mausolée de Baye Niass. Qu’ils soient de l’ethnie Mossi, Haoussa, ou Peul, ils viennent, généralement du Nigeria, du Ghana, du Niger, du Burkina Faso et d’autres pays limitrophes. Idrissa, un Nigérian installé depuis plus de 30 ans, fait partie de ces visages devenus familiers. Assis en tailleur au milieu de ses marchandises débordant de son échoppe, il accueille clients et visiteurs.
Il parle un wolof impeccable, reflet de son intégration. « Notre présence au Sénégal est paisible et particulièrement ici, à Médina Baye. J’ai parcouru presque tout le pays comme marchand ambulant, mais c’est Baye Niass qui nous retient ici. Nous avons quitté nos terres et nos familles uniquement pour être proches de lui », explique-t-il. Carrefour spirituel et économique Et de fait, à chaque instant, il y a de nouveaux arrivants. C’est le cas de Mouhamed Moubarak et Khalid Kanu. Ils viennent de débarquer il y a juste un peu plus de deux mois. « Nous sommes venus au moment de la Tabaski, venus répondre à Baye Niass », témoigne Mouhamed Moubarak, baragouinant un anglais besogneux. Le jeune homme, la vingtaine, assure se sentir à l’aise au Sénégal depuis sa venue. Il est 14h 30 en ce mardi 26 août 2025. Alors que l’heure de la prière approche (14h 45), la mosquée de Médina Baye s’anime.
Les Maures, en grands boubous amples, les Haoussas tout comme les Mossis, dans leurs caftans élégants et venant d’horizons divers, s’alignent côte à côte avec les Sénégalais pour former une communauté disparate. Dans leur posture, ils reflètent la dimension internationale de la Fayda. Là, les barrières linguistiques s’effacent, remplacées par une communion autour du Coran et des invocations. De fait, au-delà du spirituel, la diversité de Médina Baye se manifeste aussi dans l’économie locale. Les petites échoppes tenues par des Nigérians ou des Ghanéens ou les Maures ne se limitent pas aux objets religieux. Vêtements, bonnets, vivres, artisanat, tout s’échange à Médina Baye. Chaque arrivée de convoi apporte de nouveaux produits, de nouvelles couleurs et renforce l’image d’une cité devenue carrefour.
Selon Ibrahima Thiam, un disciple de Baye habitant Médina Baye, la cité religieuse est devenue un point de rencontre de toutes nationalités et conforte l’éclatante réussite de la mission du fondateur de la Fayda. « Baye Niass a beaucoup voyagé à travers le monde pour prêcher la bonne parole et propager le message du prophète de l’Islam. Sa mission s’inscrit dans la continuité de la mission prophétique. Dans plusieurs pays de la sous-région comme le Nigeria, son impact est palpable. », fait-il savoir. Il donne en exemple les Haoussas du Nigeria qui, selon lui, vouent un respect et un amour immense à Baye Niass.
Dans la même veine, Cheikh Fall, initiateur du Festival Les couleurs de la Fayda, souligne la «dimension panafricaine et internationale» de Cheikh Ibrahima. «Ses œuvres au Nigeria tout comme au Soudan sont le point de départ de la venue de toutes ses communautés que l’on voit dans sa ville. Pourtant en venant répondre à l’appel de Baye, beaucoup d’entre eux décèdent en route», a-t-il dit. En effet, pour Mouhamadoul Ghaly, ce Nigérian, conservateur de la Chambre de Baye «Neegou Baye», les premières arrivées remontent aux années 1934, 1935. Selon lui, aujourd’hui quasiment toutes les nationalités sont présentes à Médina Baye, que ce soit les Américains, les Nigérians, les Ghanéens, les Maliens, etc.