Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Moustapha Cissé, a appelé à une réforme urgente de la presse sénégalaise, soulignant les défis économiques et structurels menaçant sa survie. Il s’est exprimé à l’occasion de la ceremonie d’ouverture des journées de concertation du secteur de la communication.
Moustapha Cissé, qui a été porté récemment à la tête du SYNPICS, a livré un discours poignant sur l’avenir de la presse sénégalaise. Il a mis en évidence les défis actuels qui menacent la viabilité du secteur et appelé à une réforme radicale pour garantir une presse indépendante, moderne et respectueuse des principes démocratiques.
« La presse n’est pas un appendice de l’État. Elle est le souffle même de l’espace public », a rappelé Moustapha Cissé, soulignant que sans une presse libre, le citoyen perd son pouvoir de juger et de comprendre le monde qui l’entoure. Mais, depuis plusieurs années, le secteur se trouve dans une crise profonde. Les entreprises de presse sont accablées par des dettes, manquent de ressources pérennes et sont de plus en plus écartées des commandes publiques. « Nombre d’entre elles sont menacées de liquidation. Le fond d’appui est inopérant. Les créances dues par l’État sont restées en suspens », a-t-il déploré.
Le tableau social est tout aussi préoccupant, avec des licenciements massifs, des salaires impayés et une couverture sociale inexistante. De plus, une génération de journalistes expérimentés quitte la profession, tandis que les jeunes diplômés se montrent réticents à rejoindre un secteur en crise. Ce désenchantement profond et cette démotivation, selon Cissé, sont les symptômes d’un « exode silencieux » menaçant l’avenir du journalisme sénégalais.
Des réformes nécessaires
Le Secrétaire général a insisté sur le fait que les réformes ne peuvent plus attendre. Il a évoqué le code de la presse, adopté en 2017 mais resté largement obsolète, ne prenant pas en compte les mutations numériques et sociologiques du paysage médiatique mondial. « Il faut refondre intégralement ce code, avec l’ensemble des parties prenantes, pour bâtir un cadre juridique qui protège la presse », a-t-il déclaré.
Cissé a également déploré le manque de régulation et d’autonomie des institutions actuelles, comme le CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel), et a demandé la mise en place d’une institution unique, indépendante et crédible pour superviser tous les supports médiatiques. « Il est urgent d’installer une institution qui puisse agir sur l’ensemble des supports dans le respect des droits fondamentaux », a-t-il affirmé.
L’un des points essentiels qui a été développé par Moustapha Cissé concernait le financement du secteur de la presse. Il a souligné l’absence de règles précises sur la publicité et l’allocation des commandes publiques, ce qui a permis l’opacité et la captation des ressources par des intérêts politiques ou commerciaux. Selon lui, une loi moderne et transparente est indispensable pour garantir un accès équitable aux ressources publicitaires.
Il a aussi proposé un programme national de mise à niveau des entreprises de presse, avec un accent particulier sur la formation et la modernisation technique. Cissé a souligné l’importance de professionnaliser la gestion des entreprises de presse, de renforcer les compétences et d’accompagner la transition numérique. Il a plaidé pour la création d’un fonds spécial pour la transformation technologique des médias, visant à financer l’acquisition de matériel moderne, la sécurisation des données et la formation aux nouveaux formats.
Cheikh Tidiane NDIAYE