La 8ᵉ édition du Forum Galien Afrique s’est ouverte ce mardi à Dakar, mettant cette année la souveraineté sanitaire au cœur des débats, un enjeu majeur pour le continent. Lors de la cérémonie d’ouverture, la présidente du Forum, le professeur Awa Marie Coll Seck, a souligné la dimension collective de cette souveraineté.
“Notre défi n’est pas seulement national, il est continental. La souveraineté sanitaire doit être pensée à l’échelle de l’Afrique, en unissant nos forces, mutualisant nos ressources et partageant nos expériences”, a-t-elle déclaré. Pour elle, la souveraineté sanitaire est autant un droit qu’un devoir, notamment pour les générations futures. Elle passe par la capacité des pays africains à définir leurs priorités, financer leurs systèmes de santé, produire localement médicaments et vaccins, tout en valorisant les talents et savoirs du continent. “L’Afrique n’est pas seulement confrontée à des doubles fardeaux sanitaires. Elle est aussi un moteur d’innovation et de solutions”, a ajouté le professeur Coll Seck.
Le Forum dépasse le cadre scientifique pour devenir “une plateforme de transformation, une communauté d’idées et d’actions”. Décideurs, chercheurs, industriels, philanthropes, jeunes et femmes leaders s’y retrouvent chaque année pour débattre des grands enjeux de la santé en Afrique. L’attribution du prix Galien récompense les innovations dans les domaines des médicaments, vaccins, dispositifs médicaux et initiatives de santé publique.
En parallèle, un espace dédié aux jeunes et aux femmes explore des thématiques comme la gouvernance, le financement durable, la production locale, la recherche, l’innovation, l’équité de genre et le leadership. “Je vous invite à faire de ce Forum un laboratoire d’idées et un atelier d’actions concrètes. Les défis sont grands, mais notre énergie l’est davantage”, a conclu la présidente du Forum.
Des partenariats équilibrés
Pour sa part, le ministre sénégalais de la Santé et de l’Hygiène publique, Ibrahima Sy, a mis l’accent sur l’importance de partenariats équilibrés et gagnant-gagnant pour permettre à l’Afrique d’accéder à la souveraineté sanitaire.
“La souveraineté sanitaire n’est pas un objectif unique. Elle implique aussi la capacité à décider de nos priorités et à développer des partenariats équitables”, a-t-il déclaré.
Selon lui, la coopération régionale à travers l’Agence africaine des médicaments et applications, le CDC Afrique, l’Union africaine, l’OMS et les organisations régionales constitue un pilier essentiel de cette souveraineté. Il a insisté sur la production locale de vaccins, médicaments et équipements médicaux pour renforcer l’industrie pharmaceutique africaine et construire des structures de santé conformes aux normes internationales.
Le ministre a également appelé à investir dans la formation, l’autonomisation et la recherche scientifique, ainsi qu’à mobiliser davantage de ressources à travers des mécanismes innovants comme les fonds souverains africains solidaires.
“La souveraineté sanitaire est une responsabilité collective. Nous devons renforcer la production locale, investir dans la recherche et l’innovation, et mettre la santé au cœur de nos budgets nationaux pour garantir un accès effectif aux soins pour tous”, a-t-il insisté.
Ibrahima Sy a rappelé que l’Afrique dispose du potentiel humain, scientifique et industriel pour construire son destin sanitaire. “La souveraineté sanitaire n’est pas un slogan : elle est une nécessité pour assurer l’accès à des vaccins essentiels, à des soins obstétricaux sûrs et à un système de santé performant et résilient, avec la prévention au centre de notre stratégie”, a-t-il conclu.
Salla GUEYE


