« Des données à leur impact : renforcer l’avenir géospatial de l’Afrique ». Tel est le thème du 9ᵉ symposium AfriGeo, qui met en lumière le rôle essentiel des données d’observation de la Terre et des technologies géospatiales dans la construction de l’avenir du continent.
Ouvert, hier, à Dakar, le 9e symposium AfriGeo réunit près de 300 experts et décideurs internationaux engagés dans les sciences, les technologies et les applications de l’observation de la Terre au service du développement durable de l’Afrique. Coordonnée par le Centre de suivi écologique (Cse), cette rencontre de trois jours se veut « une plateforme d’engagement, de co-construction et de collaboration entre les acteurs autour de l’intégration, de la co-conception, de l’implication des utilisateurs, du partenariat et du développement des capacités ». « Le besoin d’informations géospatiales pour opérer la transformation économique et sociale dépend fortement de la connaissance détaillée de nos ressources naturelles. La science, pour des solutions durables, devient alors un impératif collectif », a déclaré Ababacar Guèye, directeur de cabinet du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, qui a co-présidé la cérémonie d’ouverture.
Selon le représentant du gouvernement, le Sénégal l’a bien compris en mobilisant toutes les énergies nécessaires pour le lancement de son premier satellite “GaïndéSat-1A”, en août 2024.
«La Stratégie 2050 du Sénégal s’appuiera sur ces données spatiales pour ne laisser personne en rade, et pour exploiter chaque opportunité au bénéfice de nos sociétés. L’accès aux données d’observation de la Terre est un levier essentiel pour la co-construction des politiques de développement», a-t-il soutenu. Les thématiques phares du symposium portent sur le changement climatique, la biodiversité, la pollution, la sécurité alimentaire, l’urbanisation et la gestion des crises environnementales.
Ababacar Gueye a rappelé que l’une des priorités du gouvernement sénégalais, le « New Deal Technologique », repose sur la valorisation et la diversité des données. Il sera mis en œuvre par des experts tels que ceux réunis à Dakar. « Un accent particulier est mis sur la jeunesse pour stimuler l’innovation, développer des solutions locales, réduire la fracture numérique et corriger les discontinuités régionales », a précisé M. Guèye.
Un levier de transformation socio-économique
Il a souligné que le développement économique moderne ne peut se concevoir sans les données d’observation de la Terre. Trois principes fondent, à son avis, cette approche : une gouvernance publique efficace des ressources naturelles et des territoires ; une meilleure réponse aux impacts climatiques, aux pertes et aux dommages causés par les catastrophes naturelles et une accélération du développement grâce aux outils numériques.
« Le développement et la consolidation des services utilisant les données satellitaires connaîtront un essor considérable avec la multiplication des sources de données libres. L’optimisme est permis pour une intelligence planétaire inclusive, portée par la coordination scientifique au service de la résilience et de la durabilité », a-t-il ajouté.
Concernant le Sénégal, M. Guèye a évoqué les 700 kilomètres de côtes exposés à la montée du niveau de la mer, plaçant le pays au premier plan des enjeux liés à l’érosion côtière, à la gestion des ressources halieutiques, au tourisme durable et à la planification de l’économie bleue. « L’approche intégrée terre-mer est une priorité stratégique. Nous souhaitons l’inscrire au cœur des travaux pour améliorer la gestion et l’aménagement du littoral. Chers membres de la communauté AfriGeo, nous comptons sur vous pour renforcer l’engagement de la science auprès des États », a-t-il exhorté. Le Pr Cheikh Mbow, directeur du Cse, s’est réjoui de la forte participation des pays africains à l’appel lancé par le Sénégal.
« L’Afrique est en train d’opérer un virage majeur sur le plan spatial, avec de plus en plus de nations qui investissent dans les technologies d’observation et les infrastructures satellitaires », a souligné le chercheur.
Ndiol Maka SECK