Même si dans les hôpitaux, les équipements sont aux normes, des efforts doivent être faits au niveau des autres échelons de la pyramide sanitaire (postes de santé et centres de santé) pour une prise en charge inclusive de toutes les femmes au moment de la grossesse et de l’accouchement.
S’agissant spécifiquement des consultations gynécologiques, Khady Bâ, la présidente de l’As- sociation nationale des femmes vivant avec un handicap au Sénégal (Anfhs), décèle une différence entre les femmes en situation de handicap et les autres. « La femme handicapée est femme d’abord, mais elle a de surcroît son handicap. Ce qui veut dire qu’elle aura un besoin spécifique en matière de consultations ». Malheureusement, fait-elle remarquer, les tables d’auscultation sont très hautes. « Quand tu es sur un fauteuil, tu as un problème pour te mettre sur le lit », souligne-t-elle, plaidant pour « des lits adaptés au handicap ».
C’est également le cas lors des consultations gynécologiques. En plus, relève elle, les prestataires de- mandent à ces femmes de se tourner. Elle estime que cela pose problème avec les handicapés moteurs et la déformation qui va avec.
« Souvent, tu dois tenir la jambe, alors qu’elle balance partout. Avec la polio, tu n’as pas une jambe forte, tu ne peux pas faire comme les autres femmes. Donc, tu auras besoin de soutien, d’assistance lors des consultations », indique-t-elle. En dehors de la table de consultation, celle dédiée aux accouchements « est également très haute », juge la présidente de l’Anfhs qui soutient que ces équipements sont « difficilement accessibles aux handicapées motrices ». D’ailleurs, on ne les retrouve que dans les hôpitaux, indique Yacine Koné, présidente de la section féminine de l’Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal (Anhms) dans le département de Dakar.
Tout de même, Mme Bâ reconnait que, d’une manière générale, le personnel de santé est qualifié. Toutefois, il n’en connait pas beaucoup sur les besoins spécifiques des femmes handicapées. « Le personnel a besoin d’être formé, pas seulement en langage des signes pour leur permettre de communiquer avec nos sœurs handicapées sourdes muettes, mais également pour qu’il puisse connaître nos besoins spécifiques », estime-t-elle. L’accessibilité faisant défaut dans la plupart des cas, Khady Bâ pro- pose de « faire des aménagements raisonnables » qui, selon elle, relève de la personne. « C’est une demande personnelle », précise-t-elle. Par exemple, un interprète qui puisse servir d’interface entre la femme sourde-muette et le prestataire est, souligne-t-elle, un aménagement raisonnable. Tout comme disposer d’un assistant qui aide la personne handicapée à monter sur le lit d’auscultation. « Il y a un manque de droits des personnes handicapées. À défaut de ne pas avoir l’accessibilité, l’aménagement raisonnable devrait être un droit », affirme la présidente de l’Anfhs. De l’avis de Yacine Koné, les personnes vivant avec un handicap doivent bénéficier d’une assistance. Cela, tel que stipulé par les conventions internationales sur les droits des personnes handicapées. « Nous devons être assisté partout dans nos déplacements », indique-t-elle.
Cependant, concernant la communication avec l’agent de santé, la présidente de l’Anfhs fait remarquer qu’il est préférable que la patiente échange directement avec lui pour que la confidentialité soit respectée. « L’interprète va savoir le problème de santé et peut partager cela dans son entourage », s’inquiète-t-elle, invitant à former les prestataires de santé en langage des signes pour régler définitivement cette question et respecter la confidentialité qui doit prévaloir en matière de prise en charge sanitaire. Elle alerte aussi sur la situation de leurs sœurs albinos au niveau des centres et postes de santé. « Si elles trouvent beaucoup de gens, elles sont obligées d’être sous le soleil. Ce qui ne les arrange pas, avec le problème de peau qu’elles ont. Quand on leur demande de respecter le rang, ça peut aggraver les difficultés qu’elles ont. Il faut les prioriser pour qu’elles puissent voir vite le prestataire, le gynécologue ou le médecin et éviter ainsi de s’exposer au soleil ».
M. GUÈYE