Le district sanitaire de Kidira peine à assurer un accès équitable aux soins maternels et néonatals. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 25 postes de santé, 10 ne disposent pas de sage-femme, selon Dr Saliou Gningue, médecin-chef du district.
Avec ses 5.922 km², le district sanitaire de Kidira couvre un espace immense, limitrophe du Mali à l’est. Sa population, majoritairement rurale (73 %), compte aussi des communautés nomades, dispersées dans des zones parfois très enclavées. Pendant l’hivernage, certaines équipes doivent utiliser des pirogues pour acheminer une femme enceinte vers le centre de santé, a révélé Dr Saliou Gningue, médecin chef du district sanitaire de Kidira. Pour près de 90.000 habitants, le district ne compte que quatre médecins et aucune sage-femme fonctionnaire. Les 20 sages-femmes en poste sont toutes sous contrat précaire : 16 avec le ministère de la Santé, 2 avec le Comité de développement sanitaire et 2 avec les collectivités territoriales. Le constat est sans appel : dix postes de santé sur vingt-cinq fonctionnent sans sage-femme. Cette absence pèse lourdement sur la qualité des soins aux femmes enceintes, obligeant parfois les familles à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour trouver un professionnel qualifié. Selon Dr Gningue, en 2024, 6,4 % des accouchements ont eu lieu à domicile. Ce chiffre est même légèrement en hausse au premier semestre de 2025 (7 %), malgré les efforts des équipes. « C’est la conséquence directe du manque de personnel et de l’accessibilité difficile de certaines zones », explique le médecin qui recevait la caravane de presse de l’Association des journalistes en santé population et développement (Ajspd) en collaboration avec la Direction de la santé de la mère et de l’enfant (Dsme).
Dr Saliou Gningue appelle à des mesures urgentes comme l’affectation au moins d’un infirmier et d’une sage-femme par poste de santé afin de garantir la présence d’un personnel qualifié sur tout le territoire. Il demande aussi la formation des sages-femmes à l’échographie. M. Gningue veut aussi la mise à disposition d’une ambulance médicalisée dans chaque poste de santé afin réduire les délais d’évacuation, notamment pendant l’hivernage. Enfin, il réclame le renforcement de l’équipement de base : tables d’accouchement, extracteurs d’oxygène, lits d’hospitalisation, kits d’accouchement, aspirateurs manuels. « Chaque poste sans sage-femme est une menace pour les femmes enceintes et leurs bébés. Dans notre district, l’urgence est de donner à chaque village les moyens de sauver des vies », insiste Dr Gningue.
Babacar Gueye DIOP