Donner de son sang peut sauver des vies. Ce slogan est célèbre. Mais dans la pratique, la situation est autre. Au Centre national de transfusion sanguine de Dakar (Cnts), les banques de sang se vident du fait de la rareté des donateurs volontaires. Reportage.
Donner son sang est un geste de haute portée, car des vies en dépendent. Au Centre national de transfusion sanguine de Dakar (Cnts), à proximité de l’hôpital Fann, les responsables guettent le moindre donneur pour renflouer le stock de sang qui a besoin d’être renouvelé constamment. Dans une salle bien aérée, ils reçoivent et orientent les quelques volontaires qui viennent s’acquitter de ce devoir noble. Dankhoumba Traoré Diallo est la cheffe de service Promotion et Don de sang du Cnts de Dakar. Son travail consiste à trouver les moyens pour convaincre les Sénégalais à donner de leur sang. Document à la main, elle estime que le don de sang devrait être une affaire de tous. « Nous avons besoin de ces dons de sang, car nous alimentons les hôpitaux. les drépanocytaires, les hémodialysés et les blocs opératoires qui ont constamment besoin de sang », a rappelé Mme Diallo.
Pour Ndèye Marie Sène Mangassa du service des Organisation des collectes et des dons de sang, les Sénégalais ne devraient pas attendre que le besoin soit là pour donner de leur sang. « Les Sénégalais n’ont pas la culture du don de sang. Ils attendent d’avoir un parent malade pour venir donner de leur sang. Le temps que le sang fasse le circuit normal, le patient peut passer de vie à trépas », a-t-elle expliqué. Dans la salle d’attente, 7 jeunes donnent de leur sang. Installés dans des lits, ils sont venus, pour la plupart, de Yeumbeul, dans la banlieue dakaroise pour sauver des parents malades. Moustapha Ba est l’un des donateurs. « J’ai un parent malade qui a besoin de sang. Mais la banque de sang de Yeumbeul n’en dispose pas actuellement. Désormais, je continuerai à donner de mon sang. Je viens de comprendre la nécessité de faire ce geste citoyen qui sauve des vies », a souligné le jeune homme de 29 ans.
Amadou est dans le même cas que Moustapha. Tous les deux sont venus donner de leur sang pour aider un parent malade. Âgé de 22 ans, contrairement à Moustapha, il a l’habitude de donner de son sang. « Pour moi, c’est un acte de générosité et de solidarité. J’ai très tôt pris conscience que ce geste peut sauver des vies. Je fais régulièrement cet acte citoyen », partage-t-il.
Selon Fatou Guèye, donner de son sang, en plus de sauver des vies, est un excellent moyen de prendre soin de sa santé. Cette femme de 39 ans recommande aux jeunes d’avoir la culture du don de sang. « C’est la 14e fois que je donne de mon sang. Cela permet d’avoir une prise en charge médicale gratuite, en plus de sauver des vies », soutient-elle. Elle ajoute : « J’ai commencé à donner de mon sang quand j’étais au lycée. J’essaie de le faire 2 à 3 fois dans l’année. Les femmes ont souvent plus besoin de sang que les hommes. Alors, pourquoi ne pas en donner pendant qu’on est en bonne santé », recommande-t-elle. La demande en sang est supérieure à l’offre. Pour renverser la tendance, l’Association nationale des donneurs et bénévoles de sang du Sénégal (Andobes) s’implique dans la sensibilisation pour inciter les Sénégalais à donner de leur sang pour sauver des vies. « Notre association est née en 1992. Nous sommes des croyants et nous avons pensé que nous pouvons apporter notre contribution en donnant de notre sang. Nous organisons des journées de sensibilisation sur l’urgence et la nécessité de donner du sang pour sauver des vies. J’interpelle les jeunes à faire un effort », soutient Ousmane Mbaye, président du bureau régional de l’Association nationale des donneurs et bénévoles de sang du Sénégal (Andobes).
Par Marie Bernadette SENE