Le Comité de plaidoyer (« Task Force ») sur la santé de la reproduction des femmes et des filles pour leurs droits à la vie, poursuit son combat pour la légalisation de l’avortement médicalisé en cas de viol, d’inceste ou de pédophilie. Il a, dans ce cadre, invité les autorités sénégalaises à respecter le Protocole de Maputo sur les droits reproductifs des femmes. « Ce protocole plaide pour l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste, surtout lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère », peut-on lire. Les membres dudit comité ont organisé, hier, à Dakar, un déjeuner de presse. Selon eux, cette législation permettrait de réduire les cas d’infanticide et de mieux protéger les droits des femmes.
Lors de cette rencontre, la directrice de l’Ong PP Global, Amy Sakho, est revenue sur la situation préoccupante des avortements clandestins au Sénégal. Selon elle, la Direction de la santé de la mère et de l’enfant du ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état d’un cumul de près de 34.079 avortements clandestins en 2020. Un chiffre alarmant qui illustre l’ampleur du phénomène dans le pays. En 2022, l’Ong PP Global a mené une étude pour évaluer la situation des femmes incarcérées au Sénégal pour cause d’avortement ou d’infanticide. Elle « avait démontré que, sur un total de 344 femmes détenues, plus de 54 étaient poursuivies pour infanticide et 5 pour avortement clandestin », a rappelé Mme Sakho. Des chiffres qui font froid dans le dos et qui motivent la « Task Force » à travailler sur une proposition de loi pour venir en aide à ces femmes. Pour la coordonnatrice de la « Task Force », Aïssatou Ndiaye, les pressions socioculturelles sont telles qu’une femme enceinte hors mariage subit l’exclusion sociale et la stigmatisation.
Marie Bernadette SENE