Éclosion des infections d’origine hydrique : quand l’eau source de vie devient vecteur de maladiesAvec les premières pluies, les cas de maladies liées à l’eau resurgissent dans plusieurs localités du pays. Diarrhées, fièvre typhoïde, dermatoses notamment la larva migrans cutanée touchent surtout les enfants. Si la prévention reste la clé, les efforts des autorités sanitaires et des communautés peinent encore à endiguer le phénomène.
« Chaque saison des pluies, c’est la même histoire », lâche Mariama, mère de trois enfants rencontrés dans un Centre de santé de la Gueule Tapée, à Dakar. Son fils de 5 ans souffre de diarrhée aiguë depuis trois jours. Comme elle, de nombreuses familles vivent cette épreuve presque à chaque saison des pluies. L’eau, source de vie, devient dans plusieurs quartiers un véritable vecteur de maladies.
« Les structures sanitaires enregistrent une hausse significative de cas de maladies hydriques durant l’hivernage », constate avec amertume cette infirmière trouvée à l’intérieur du centre. Selon plusieurs agents de santé, les cas de dermatoses, de paludisme, de fièvre typhoïde sont en nette progression chaque année durant cette période. Et les enfants de moins de 10 ans sont les plus touchés, suivis des personnes âgées.
Dans les quartiers inondés ou mal assainis, les eaux stagnantes mélangées aux déchets deviennent un terreau fertile pour les microbes. Les eaux, souvent proches des fosses septiques, sont facilement contaminés. À cela s’ajoutent les habitudes de consommation d’eau non traitée et l’absence de mesures d’hygiène dans certaines familles.
Il est 11 heures en ce mercredi 20 aôut au centre de santé de Grand-Dakar. Dans la salle d’attente, les bancs sont bondés. Des mères tiennent leurs enfants fiévreux, souvent avec une bouteille d’eau minérale à la main. Mariama, 32 ans, tente de calmer son fils de 5 ans souffrant de diarrhée sévère. « Depuis trois jours, il n’arrête pas de vomir. Le médecin dit que c’est à cause de l’eau », confie-t-elle, visiblement épuisée.
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Comme elle, de nombreuses familles vivent cette épreuve à chaque saison des pluies. L’eau, source de vie, devient dans plusieurs quartiers un véritable vecteur de maladies. Selon des agents de santé interrogés, les consultations pour maladies hydriques augmentent souvent dès les premières pluies ce qui n’est pas encore le cas dans le district sanitaire de grand Dakar.
« Nous enregistrons surtout des cas de paludisme, de fièvre typhoïde. Mais ce n’est pas encore le rush (sic) », explique Dr Mamadou Ndiaye, médecin-chef de district. Pour lui les enfants de moins de dix ans sont les plus vulnérables. Le phénomène n’est pas nouveau. Chaque hivernage, la contamination des eaux et la stagnation entraînent une flambée de maladies.
Les zones périurbaines où l’assainissement est précaire sont les plus touchées. Les eaux de pluie mélangées aux ordures et aux fosses septiques sont contaminées.
Des causes bien identifiées
Dans certains quartiers, les enfants qui jouent souvent à proximité de ces flaques boueuses sont exposés. « L’eau recueillie de la pluie est souvent trouble. On la boit quand même parce qu’on n’a pas parfois le choix », admet Abdoulaye, père de famille, trouvé aux abords du marché de Grand-Dakar.
Dans les ménages, la prévention repose souvent sur des gestes simples. Faire bouillir l’eau, utilisé de la javel, couvrir les récipients. Pourtant, ces pratiques sont difficiles à maintenir dans la durée. « Acheter du javel chaque semaine coûte cher pour une famille nombreuse », explique Awa, vendeuse de légumes.
Experts et acteurs communautaires sont unanimes. Au-delà des mesures ponctuelles, seule une amélioration durable de l’accès à l’eau potable et de l’assainissement peut briser ce cycle infernal. « Tant que les populations continueront de boire l’eau contaminée, nous aurons chaque année le même problème », alerte Dr Ndiaye.
Chaque saison des pluies, les maladies hydriques rappellent la fragilité de milliers de familles face à l’eau contaminée. Si la prévention individuelle reste cruciale, elle ne saurait remplacer une véritable politique d’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. Car derrière chaque statistique, il y a des visages : ceux d’enfants malades, de mères inquiètes et de communautés qui réclament des solutions durables.
Reportage de Djibril Joseph KAMA (Stagiaire)