La fièvre de la Vallée du Rift continue de se propager dans la région de Saint-Louis. Déjà une vingtaine de cas ont été recensés, dont au moins huit décès. Une progression inquiétante de la maladie, pourtant encore minimisée sur le terrain. Au marché à bétail de Ndioum, haut lieu des transactions hebdomadaires entre éleveurs et acheteurs, la sensibilisation est presque absente.
En ce lundi matin, le marché de Ndioum grouille d’activités. Comme chaque semaine, des centaines d’éleveurs venus des villages environnants déchargent leurs troupeaux. Moutons racés, béliers bien nourris, chèvres et vaches s’alignent sous un soleil brûlant. Les discussions vont bon train, les négociations s’animent. L’ambiance est électrique, presque festive. Mais, en arrière-plan, une inquiétude pointe chez certains. Depuis plusieurs jours, la rumeur enfle. La fièvre de la Vallée du Rift rôde dans la région. À Ndioum, dans le département de Podor, les langues commencent à se délier. « Nous avons entendu parler de cette maladie et qu’il y aurait eu des morts. On nous dit qu’elle se transmet par les animaux infectés ou les piqûres de moustiques. Mais il sera difficile pour nous de nous séparer de nos bêtes. Nous avons toujours vécu avec elles. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons changer nos habitudes », confie Hamady Sow, éleveur venu de Loumbal Balaji.
« On ne peut pas se séparer de nos bêtes » Autour de lui, les réactions s’enchaînent, souvent teintées de méfiance. « On nous a imposé la Covid-19 et, jusque-là, on n’a toujours pas compris grand-chose. Maintenant, voilà encore une autre maladie ! Il faut laisser les gens travailler au lieu d’installer la peur dans les esprits », s’emporte un autre éleveur. Malgré les alertes des autorités sanitaires, peu de dispositifs visibles de sensibilisation sont déployés sur le terrain. Ni affiches, ni agents de santé à l’horizon. Les gestes barrières contre les piqûres de moustiques ou les contacts directs avec des animaux malades sont quasi inexistants. Les bêtes débarquent les unes après les autres, sans aucun contrôle sanitaire.
Des manquements que certains déplorent. «Nous ne connaissons pas grand-chose de cette maladie. Mais il urge de prendre des mesures sanitaires, surtout que des bêtes infectées représentent une réelle menace pour l’homme. Il faut prendre les devants et ne pas attendre que la maladie se propage», suggère Djibril Diallo, un visage connu et respecté du marché à bétails de Ndioum. Dans la commune de Ndioum, comme ailleurs dans le département de Podor, le danger est bien réel. Mais tant que les éleveurs ne seront pas pleinement informés et accompagnés pour adapter leurs pratiques, le risque de voir la maladie s’installer dans la zone restera élevé.
Dans cette course contre la montre, le marché à bétail demeure un épicentre silencieux où les affaires continuent, envers et contre tout. La fièvre de la Vallée du Rift est une maladie transmissible de l’animal à l’homme, notamment par contact direct avec le sang ou les fluides d’un animal infecté. Elle se transmet également par les piqûres de moustiques. Elle peut causer de graves complications, allant de simples fièvres à des hémorragies mortelles.
Mamadou THIAM (Correspondant)