Les restaurateurs, les gérants de dibiteries et tous ceux qui manipulent quotidiennement de la viande sont particulièrement exposés au risque de contracter la fièvre de la vallée du Rift, une zoonose virale. Conscients de cette menace, beaucoup d’entre eux adoptent des mesures d’hygiène renforcées pour protéger à la fois leurs familles et leur clientèle. Si l’on trouve malheureusement toujours quelques exceptions négligentes, la majorité fait preuve de responsabilité.
Alors que la fièvre de la vallée du Rift se propage dans le pays, l’évolution de l’épidémie suscite des réactions mitigées chez les professionnels. Khady Thiaw, gérante d’un restaurant très fréquenté au marché Sandica de Pikine, affirme avoir toujours été rigoureuse sur l’hygiène. Face à l’alerte de l’épidémie, elle a encore accru sa vigilance dans la préparation des plats à base de viande. Interrogée sur les mesures prises, elle confie: « Pour vous dire la vérité, j’ai toujours été rigoureuse sur le plan de l’hygiène. Et, quand j’ai ouï dire que la maladie [elle a du mal à prononcer le nom] est en train de se répandre, j’ai accru la vigilance dans la préparation des repas à base de viande. » Un client, Aziz Sow, la taquine sur sa difficulté à nommer la maladie, mais insiste sur l’essentiel : « En tous cas, il faut bien cuisiner la viande que tu nous sers, la maladie est là. »
Mame Diarra Ndiaye qui dirige un autre établissement à Icotaf partage cette préoccupation. Informée quotidiennement de la situation, elle veille scrupuleusement sur la viande rouge et la volaille pour prévenir tout risque de contamination. « Si je ne prends pas de mesures particulières, moi-même ou mes enfants pouvons attraper la maladie. Nous mangeons le même repas que celui servi aux clients », explique-t-elle, soulignant l’importance des mesures pour sa propre sécurité et celle de son entourage.
Devant sa dibiterie au marché Zinc de Pikine, Omar Fall suit l’évolution de la maladie de très près. Selon lui, l’hygiène ne devrait pas être une réaction à une épidémie, mais une habitude fondamentale. « La rigueur dans l’hygiène doit être une habitude ancrée dans la tête de ceux qui vendent de la nourriture. Avant la survenue de cette maladie, je faisais tout pour que la viande que je dois griller soit propre et de bonne qualité. Je la nettoie parfaitement de manière à la débarrasser de tout germe de maladie. Tout ce que je vends est sain ; je touche du bois et suis tranquille à ce sujet », déclare-t-il, insistant sur une démarche proactive et constante.
Cependant, cette prudence n’est pas universelle. Certaines restauratrices semblent minimiser le danger, comme Aminta Diarra, de Pikine Tally Bou mack. « Franchement, je ne prête pas encore une grande attention à cette maladie. Mais, ce que je peux vous assurer, c’est que personne n’attrape une quelconque maladie dans mon restaurant à cause de ma négligence », répond-elle, affichant une certaine désinvolture face à l’alerte sanitaire.
Abdou DIOP

