Un regard. Rien qu’un regard. Mais un coup d’oeil qui peut affecter à jamais la vie d’une personne. En l’occurrence celle des femmes vivant avec un handicap dont certaines boudent simplement ou hésitent à se rendre dans les structures sanitaires à cause de l’accueil souvent éloigné de toute bienveillance qui peut, des fois, leur être réservé. Une attitude que dénoncent certaines dames handicapées en quête de soins dans les structures sanitaires. Surtout quand elles sont enceintes. Un état qui, sur la base de préjugés longtemps nourris dans la société, suscite des interrogations de la part de certains acteurs de la santé. Pourtant la plupart d’entre eux ont pourtant fait le serment de respecter la vie de toutes les personnes qui demandent des prestations sanitaires. Malheureusement entre ce qui est exigé et la pratique, le fossé est souvent trop grand.
Sinon comment comprendre exposer une femme handicapée en état de grossesse et appeler d’autres collègues pour venir la foudroyer du regard, avec en prime des propos jugés déplacés, dégradants, discriminatoires. Ce sont en tout cas des qualificatifs donnés par des femmes vivant avec un handicap pour évoquer la mauvaise perception que certains agents de santé ont d’elles et qui n’a pour soubassement que leur morphologie. D’ailleurs, quelques-unes d’entre elles n’hésitent pas à parler de violence psychologique. Des attitudes et comportements inappropriés et contraires à l’esprit de l’accès universel à la santé. Lequel implique « que toutes les personnes et communautés aient accès, sans aucune forme de discrimination, à des services de santé complets, appropriés et opportuns, de qualité, déterminés au niveau national en fonction des besoins ». Par conséquent, ce personnel, de l’accueil à la prise en charge effective du patient, doivent être sensibilisées voire éduquées, durant tout le parcours de soins, pour que cesse cette stigmatisation dans les structures sanitaires et qui est lourde de conséquences. Cela, dans la mesure où une grossesse non suivie correctement peut être à l’origine de complications qui auraient pourtant pu être évitées, parce que connues à l’avance et prises en charge adéquatement en rapport avec les normes et protocoles en vigueur.
Toujours dans le souci de garantir un accès équitable aux services de santé, il est important de veiller à la bonne qualité des échanges avec certaines personnes handicapées, en l’occurrence les sourds-muets et les non-voyants. A cet effet, le langage des signes devrait être accessible aux personnels de santé, sans exception et à tous les échelons de l’offre de soins de santé. De même, la méthode Braille doit être disponible partout pour que les mal voyants et non-voyants puissent saisir tous les messages de sensibilisation destinées aux populations dans le cadre des politiques de prévention et de prise en charge sanitaire. En effet, sans une communication adéquate entre le prestataire de soins et le client, bien des failles peuvent être décelées dans la prise en charge. Ce qui peut avoir des effets dans le suivi du traitement qui doit pourtant être le même pour tout le monde.
Dans le cadre de la réduction des disparités notées dans l’accessibilité des structures de santé, les efforts dans l’aménagement doivent être poursuivis pour que les rampes soient installées partout où c’est nécessaire. Il est inadmissible que des escaliers puissent être encore une barrière à l’accès aux soins pour certains types de handicap. De la même manière, certains équipements comme les tables d’auscultation et d’accouchement doivent être modulables pour prendre en charge, par exemple, les handicapées motrices qui ne peuvent pas monter sur des tables très hautes.
Maïmouna GUÈYE