Rendu tristement célèbre par l’incendie de 2022 qui a occasionné la mort de 11 bébés, l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de la commune de Tivaouane reste toutefois une structure de référence dans ce département à l’image de son parrain. Aujourd’hui, les responsables et travailleurs de cet établissement public de santé de niveau 2 sont en train de tout mettre en œuvre pour cicatriser cette plaie encore béante et le repositionner à sa place d’antan.
TIVAOUANE – Face à une augmentation croissante de la population, le centre de santé Massamba Sall de Tivavouane, avec ses bâtiments coloniaux, ne pouvait plus contenir le besoin pour assurer la prise en charge de toutes les couches de la société. Les autorités sanitaires de l’époque avaient alors autorisé l’ouverture d’un deuxième centre de santé. La famille de Cheikh Marouba Guèye, représentant de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké à Tivaouane, a alors offert à Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, le terrain devant abriter la deuxième structure de santé de Tivaouane. Ce qui témoigne de l’excellence des relations entre les deux guides religieux d’alors et leurs familles. C’est Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, lui-même, avec les représentants de la famille de Cheikh Marouba Guèye, qui avait procédé à la délimitation de la zone, permettant le démarrage des travaux. Selon Sidy Lamine Ndoye, représentant du personnel de l’hôpital au Conseil d’administration, c’est en 1985 que le centre de santé Mame Abdou Aziz Sy Dabakh a ouvert ses portes, avec un certain Dr Fall comme premier médecin-chef. Ensuite sont venus Dr Hanne et Dr Dial. Ce dernier a d’ailleurs marqué cette structure sanitaire. La structure a connu une montée en puissance fulgurante.
Le centre de santé Mame Abdou Aziz Sy Dabakh avait plusieurs services à la hauteur de son statut. Le bâtiment central a abrité la maternité, la médecine générale, la pharmacie, un service d’accueil des urgences, une chirurgie simple, un petit labo, un service de nettoiement, de gardiennage, entre autres, avec un comptable matière et un gestionnaire.
En 2000, avec la première alternance, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, porte-parole de la famille de Seydi El Hadji Malick Sy, avait sollicité des autorités d’alors, en occurrence le Président Abdoulaye Wade, la construction d’un hôpital avec l’agrandissement de la cité religieuse. Selon l’autorité religieuse, la construction d’un hôpital était devenue une nécessité voire une urgence. Finalement, Abdou Fall, à l’époque ministre de la Santé, a accédé à la requête. Cependant, il avait conseillé au marabout de transformer le centre de santé en Etablissement public de santé ou hôpital, puisqu’il y’avait encore de l’espace pouvant abriter de nouveaux bâtiments. Ce qui fût fait. Quatre immeubles R+2, avec ascenseur, ont finalement été réalisés. Les travaux avaient duré presque 6 ans, entre 2007 et 2012. « C’est finalement Modou Diagne Fada ministre de la Santé d’alors qui avait bouclé les travaux dans une certaine précipitation », a relaté Sidy Lamine Ndoye. Mais les bâtiments n’étaient pas réceptionnés du fait de la survenue de la deuxième alternance avec l’accession du Président Macky Sall au pouvoir. Toutefois, les clés ont été remises aux autorités religieuses de Tivaouane. C’est en 2012 que le centre de santé Mame Abdou Aziz Sy Dabakh est devenu un hôpital. Des spécialistes y sont affectés dont des chirurgiens, des anesthésistes-réanimateurs, des techniciens supérieurs en ophtalmologie, radio et labo. Au fur et à mesure, ils ont été remplacés par des médecins. Aujourd’hui, selon Sidy Lamine Ndoye, l’hôpital compte 15 spécialistes et 5 professeurs d’université avec l’implantation de l’Ufr Santé de l’Université Iba Der Thiam de Thiès. Avec une autonomie de gestion, cette structure est devenue un Etablissement public de niveau 1. A en croire Sidy Lamine Ndoye, l’hôpital est passé, en 2020, en hôpital de niveau 2. Malheureusement, cette montée en puissance a été entachée, en 2022, par l’incendie du Service de néonatalogie, avec un lourd bilan officiel de 11 bébés calcinés. L’installation de l’électricité, qui ne répond pas aux normes, serait à l’origine de ce drame. Le nouveau directeur, Dr Yoro Diagne, veut poursuivre la montée en puissance de l’hôpital, mais fait face à une insuffisance de moyens.
Par Ibrahima NDIAYE (Correspondant)