La drépanocytose a pris de l’ampleur à Touba. Au service d’hématologie clinique de l’hôpital Cheikhoul Khadim, 200 patients souffrant de la forme sévère de cette maladie (type SS) sont pris en charge, selon le Dr Marième Camara, hématologue clinicienne. Ce qui justifie la journée de sensibilisation sur cette maladie tenue, mercredi dernier, dans cet établissement sanitaire. C’était en prélude à la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose ce 19 juin.
TOUBA – La drépanocytose est une pathologie qui affecte les globules rouges, les cellules responsables du transport de l’oxygène dans le sang. À l’intérieur de ces globules rouges se trouve un élément connu sous le nom d’hémoglobine, que l’on désigne par AA lorsqu’elle est présente chez une personne en bonne santé. En revanche, si une mutation génétique touche les segments de cette hémoglobine, la désignation change pour S en raison de la drépanocytose. Si seule une petite portion de l’hémoglobine est altérée, on la qualifie alors d’AS. C’est ce que l’on désigne comme le trait drépanocytaire. Lorsqu’il y a, hélas, une atteinte presque complète de ces cellules, on le qualifie de SS. Ainsi, la personne est considérée comme atteinte de drépanocytose. Ces explications ont été données, mercredi dernier, par le Dr Marième Camara, responsable de la gestion de la drépanocytose à l’hôpital Cheikhoul Khadim de Touba.
C’était lors d’un atelier de sensibilisation sur cette maladie qui prend de plus en plus de l’ampleur à Touba. Cela, en prélude à la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, ce 19 juin. Depuis juin 2024, cette structure sanitaire a réussi à intégrer une équipe d’hématologie clinique constituée de deux médecins. C’est d’ailleurs le seul service de ce type dans la région de Diourbel. Ce département, consacré aux soins des patients souffrant de maladies du sang, a permis d’effectuer 1200 consultations spécialisées dans ce domaine depuis sa mise en service. Dans ces consultations, 200 patients atteints de la drépanocytose de type SS sont suivis dans cet établissement. Cela incite le Dr Marième Camara, responsable de la gestion de la drépanocytose dans cette structure sanitaire, à déclarer que cette « maladie est préoccupante ».
« Effectivement, la situation de la maladie est très alarmante à Touba, parce qu’à travers nos consultations, nous avons pu remarquer que sur une journée de consultation, la moitié des patients qui nous fréquentent, porte cette maladie et vient en consultation de suivi », a-t-elle déclaré. La stratégie de la détection précoce En outre, elle a indiqué que la situation est également préoccupante, car durant les consultations, elle a remarqué que les patients ne comprennent pas vraiment la maladie. D’après la spécialiste, ces patients manquent totalement d’informations sur les mesures préventives à prendre avant que la maladie ne se manifeste. Ils ne savent pas non plus ce qu’ils doivent faire pour gérer leur état.
De plus, mentionne-t-elle, la structure accueille parfois des patients qui se trouvent dans des situations de complications graves, affectant leur survie. Pour combattre cette maladie, le service d’hématologie mise sur la détection précoce. D’après le Dr Marième Camara, il est essentiel de procéder à un test de dépistage pour les personnes envisageant le mariage. En effet, si les parents possèdent le gène du trait drépanocytaire, cela peut entraîner la naissance d’enfants atteints de drépanocytose SS. Cela expliquerait, selon Dr Camara, la présence de familles touchées par cette maladie au Sénégal. « À Touba, les couples ne font pas le dépistage », fait-elle remarquer. Elle ajoute que ce constat est national. « Les couples ne sont pas éduqués à aller faire le dépistage avant le mariage », a-t-elle constaté. Dans ses efforts de sensibilisation, l’hôpital Cheikhoul Khadim a tenu un atelier, le 18 juin dernier, spécifiquement destiné aux patients, en partenariat avec son service de pédiatrie.
Birane DIOP (Correspondant)