Des études ont révélé que beaucoup de centres de soins « ne sont pas aux normes d’accessibilité pour la santé de la reproduction des femmes handicapées ». Elles confirment, entre autres, tel que décrit par des personnes en situation de handicap que nous avons interrogées, l’absence de rampes pour faciliter la mobilité ou d’un dispositif d’appui dans les toilettes.
Pour comprendre davantage les difficultés d’accès aux structures sanitaires des personnes vivant avec un handicap et évaluer leurs besoins en matière de santé maternelle, néonatale et infantile, des études ont été initiées. Parmi elles, une a été faite dans la région de Thiès et une autre à Dakar. D’une manière générale, elles révèlent que beaucoup de centres de soins « ne sont pas aux normes d’ac- cessibilité pour la santé de la re- production des femmes handicapées ». Elles confirment, entre autres, tel que décrit par les per- sonnes que nous avons interrogées, l’absence de rampes pour faciliter la mobilité de ces femmes ou d’un dispositif d’appui dans les toilettes…
De même, ces enquêtes décèlent le nom respect des normes en matière d’équipements médicaux permettant de prendre en charge le handicap. Les tables d’auscultation, celles dédiées aux examens gynécologiques, aux consultations prénatales et aux accouchements, sont très hautes. Par conséquent, elles ne sont pas adaptées aux femmes handicapées. « L’accès aux structures de santé pose toujours problème », souligne Yacine Koné, présidente de la section féminine de l’Association nationale des handicapés moteurs du Séné- gal (Anhms) dans le département de Dakar. D’après elle, le mal persiste. Elle se fonde sur une étude qui a concerné 27 structures sanitaires dans quatre des cinq départements de la région de Dakar (Keur Massar, Pikine, Guédiawaye et Dakar). Parmi les centres de soins où l’enquête s’est déroulée, les 13 sont dans le départe- ment de Dakar. Mme Koné fait savoir que l’accès est plus difficile dans les structures sanitaires implantées au cœur de la capitale sénégalaise, précisément au Plateau, alors qu’elles sont très fréquentées par les personnes handicapées qui évoluent le plus au centre-ville, notamment dans la mendicité. Selon elle, celles qui sont en fauteuil roulant ne peu- vent pas accéder dans un poste de santé comme Sandial, jouxtant l’Avenue Pompidou, ex-Ponty, un des axes principaux au Plateau à Dakar.
Sur place, nous avons effectivement constaté que l’accès de- meure difficile voire impossible pour certaines personnes handicapées. En effet, pour bénéficier des services offerts, il faut bien arpenter les marches, avant d’être reçu à l’accueil. Ce qui est incompatible avec le handicap moteur. D’où le cri du cœur d’une source anonyme qui plaide pour que toutes les mendiantes qui évoluent au centre-ville de Dakar, qu’elles soient mariées ou victimes d’abus, puissent être prises en charge adéquatement quand elles sont en état de grossesse. « Mais l’accès et les équipements médicaux posent problème », regrette-t-elle. Toutefois, Mme Koné ajoute qu’un établissement de santé comme Abass Ndao fait exception. « Si la personne handicapée a sa carte d’égalité des chances, elle ne paie rien, même pour les examens radiologiques et les autres analyses », informe présidente de la section féminine de l’Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal (Anhms). Pour cette raison, elle indique que de nombreuses femmes handicapées préfèrent se rendre dans cette structure de santé.
Sur la base de cette étude réalisée dans le cadre du International budget partenership project (Ibp), Yacine Koné soutient qu’un plaidoyer a été fait. Ce qui a abouti à
la formation de certains acteurs de santé sur le handicap, en parti- culier le langage des signes. « A Pikine, Guédiawaye, Keur Mas- sar, par exemple, nous avons sensibilisé sur la nécessité de prendre en charge immédiatement les femmes handicapées qui se pré- sentent dans les structures sanitaires », affirme-t-elle.
Mme Koné ajoute que les conseillers municipaux sont aussi outillés pour que la prise en charge des personnes handicapées soit systématique et que la dimension handicap soit pris en compte dans les budgets des communes. Poursuivant, elle rappelle que le handicap est transversal et multisectoriel. Par conséquent, on doit en tenir compte dans toutes les politiques, que ce soit, entre autres, dans le domaine de l’éducation, de la santé. « Si le handicap n’est pas pris en compte pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement, c’est une forme de dis- crimination », estime la présidente de la section féminine de l’Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal (Anhms) dans le département de Dakar.
M. GUÈYE