La finalisation des décrets de la Loi d’orientation sociale n° 2010- 15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées est demandée pour réduire la vulnérabilité de cette couche de la population.
Même si la plupart des femmes sont vulnérables, Khady Bâ, la présidente de l’Association nationale des femmes handicapées du Sénégal (Anfhs) estime que c’est plus accentué chez les femmes en situation de handicap qui peinent à assurer les frais relatifs aux prestations sanitaires. En plus, « elles n’ont pas un niveau d’instruction élevé », souligne-t-elle, déplorant leur présence dans les rues en train de mendier. « Ce sont des femmes très exposées, qui n’ont pas de revenus financiers conséquents ». Pour elle, les femmes qui réussissent en général, sont celles « qui sont allées à l’école, qui ont eu des diplômes et qui ont eu un salaire, un revenu ».
Toutefois, elle estime que les femmes qui sont dans les rues « sont victimes de tout un système ». Elle justifie son propos ainsi : « Quand tu vas à l’école et que tu ne trouves pas tes besoins spécifiques comme étudier en langage des signes, étudier en méthode braille, ou que les toilettes ne sont pas accessibles, tu es obligé de quitter ». Il s’y ajoute le manque de moyens pour assurer le transport et/ou le repas. De l’avis de Mme Bâ, quelles que soient les initiatives prises pour maintenir les personnes handicapées, surtout les filles à l’école, y compris dans le cadre du pro- gramme d’éducation inclusive, rares sont celles qui poursuivent leurs études jusqu’au plus haut niveau. « Ces filles, quand elles quittent l’école, n’ont rien à faire. Beaucoup d’entre elles se retrouvent dans les rues. A Dakar, à côté des banques, vous trouvez des femmes handicapées, parce qu’elles n’ont pas réussi à l’école », regrette la présidente de l’Anfhs, qui répète : « C’est la faute de tout un système ». Selon elle, si ces femmes n’ont pas de revenus, un problème de santé peut survenir.
« Alors, avec quoi vont-elles payer ? S’interroge Khady Bâ qui plaide pour la finalisation des décrets de la Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection
des droits des personnes handicapées. « Actuellement, quand vous avez la carte d’égalité des chances, vous pouvez avoir un transport gratuit, au niveau de la santé également, on dit que vous devez avoir la gratuité des soins, ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut finaliser les décrets d’application », invite la présidente de l’Anfhs.
En dehors des moyens financiers, elle met l’accent sur les difficultés que rencontrent les femmes handicapées aveugles qui sont obligées d’avoir un assistant ou une assistante. Une situation qui se répercute dans la famille. En effet, les enfants qui doivent accompagner leurs mamans ou papas aveugles, ne peuvent pas les accompagner et aller à l’école. Ils sont ainsi obligés d’abandonner leurs études. « Ce qui veut dire qu’il y a beaucoup de problèmes liés au handicap, à l’éducation et à la santé. C’est un cercle vicieux,
tu dois avoir de l’argent pour payer ta santé. Pour avoir de l’argent, il faut réussir dans l’entrepreneuriat ou dans tes études. Les femmes que nous avons, qui sont en train de faire l’entrepreneuriat, ont un problème d’accès au finance- ment ».
Maïmouna GUÈYE