Former le personnel de santé en langage des signes et aménager des rampes pour faciliter la mobilité sont essentiels pour assurer une meilleure prise en charge sanitaire des femmes vivant avec un handicap.
L’accès aux structures de soins préoccupe beaucoup les personnes en situation de handicap, les femmes en particulier. En effet ces dernières rencontrent d’énormes problèmes pour bénéficier des services de santé qui doivent pourtant être inclusifs. De l’avis de la présidente de l’Association nationale des femmes vivant avec un handicap au Sénégal (Anfhs), accéder aux structures sanitaires relève pour certaines, d’un parcours du combattant. « La remarque est que plus tu avances dans la pyramide sanitaire, plus tu as accès aux services, notamment au niveau des hôpitaux et des centres de santé. Mais il y a souvent des escaliers inaccessibles pour les handicapés moteurs ou du sable, avec les fauteuils roulants, ça pose problème », explique Khady Bâ qui évoque un autre frein à l’accès aux soins des femmes vivant avec un handicap : la communication. Mais cette dernière concerne surtout les femmes sourdes muettes. « Moi j’étais au Kenya, j’ai vu que même dans la circulation, les hommes de tenue sont formés en langage des signes, parce que c’est nécessaire. Pourquoi pas au Sénégal aussi ? » s’interroge elle.
Selon elle, au moment des consultations gynécologiques, les sourdes muettes ne peuvent dialoguer ni avec les sages-femmes ni avec les gynécologues qui les suivent. « Parce que les prestataires de services, les médecins ou les gynéco- logues ne sont pas formés en langage des signes. C’est un problème crucial. Nous avons fait un plaidoyer pour qu’une solution soit trouvée à cette question. Nous avons même porté nos actions au plus haut niveau. Nous avons travaillé avec l’association des sages- femmes également. Notre plaidoyer s’articule autour du droit re- productif pour toutes les femmes. Parce que la femme handicapée, avant d’être handicapée, est femme d’abord », explicite Mme Bâ. D’ail- leurs, elle regrette le fait qu’au Sénégal les prestataires de santé ne soient pas formés sur les droits des personnes handicapées. De même que la non prise en compte des femmes handicapées visuelles. « Dans les structures de santé, on met des affiches, des photos qui ne sont pas accessibles aux femmes aveugles qui utilisent la méthode
Braille. On peut l’avoir pour que quand elles touchent au moins qu’elles puissent s’orienter », pro- pose la présidente de l’Anfhs. Comme les femmes aveugles, celles sourdes muettes ou sur fauteuil roulant, les femmes de petite taille (naines), vivent les difficultés liées à l’accès aux soins de santé. Car elles parviennent difficilement à monter sur les lits de consultation. « Nous avons aussi des patientes guéries de la lèpre qui ont souvent des mutilations au niveau des mains ou des jambes. Ces femmes deviennent handicapées motrices également », fait savoir la présidente de l’Anfhs. Pour ce qui est de la formation en langage des signes, Khady Bâ pro- pose de la généraliser pour toucher toute la société. Pour le moment, elle insiste sur la nécessité d’outiller les acteurs de santé. « Les prestataires de santé, les sages-femmes notamment, doivent être formés en langage des signes et sur les droits des personnes handicapées, pour qu’elles soient beaucoup plus sensibles », sollicite-t-elle.
Maïmouna GUÈYE