Le Centre hospitalier d’enfants de Diamniadio a organisé, le 16 juillet 2025, une conférence sur le stress en milieu professionnel. Elle a été animée par le Pr Serigne Mor Mbaye, psychologue spécialisé en santé mentale de l’enfant. L’évènement a rassemblé la directrice de l’hôpital, Ouleymatou Khadija Diagne, des experts du domaine, des professionnels de santé, des agents ainsi que des représentants des maires de Bargny, Sébikotane et Diamniadio.
Pour le Pr Mbaye, nul n’est à l’abri du stress : « Chacun en porte, en quelque sorte, une charge invisible sur ses épaules. » La différence réside, selon lui, dans le degré de stress et dans la manière dont il est géré. Il a souligné que les agents hospitaliers sont particulièrement exposés.
Le psychologue a identifié deux principales sources de stress : conjugale et professionnelle. Sur le plan professionnel, il a pointé la lourdeur des charges de travail face à un personnel restreint, la longueur des journées vécues dans l’urgence, la nature des relations humaines, et surtout le manque de communication. « Chaque jour, les agents font face à la mort, et celui qui n’en parle pas a tendance à faire un monologue », a-t-il expliqué.
Il a mis en garde contre les conséquences du stress sur la qualité des services hospitaliers. « Quand les gens ne se sentent pas bien, c’est l’offre de services qui en pâtit. » Il a aussi attiré l’attention sur la perception négative que le public a des agents hospitaliers : « Ils sont souvent catalogués et perçus d’un mauvais œil par la population », a-t-il regretté.
Pour y remédier, le Pr Mbaye a proposé la mise en place d’espaces d’écoute : « Une personne ayant accumulé beaucoup de stress a besoin d’une oreille attentive. » Dr Thierno Dièye, pharmacien-hospitalier, a appuyé cette proposition et suggéré l’introduction de séances de massage par un kinésithérapeute afin d’améliorer la qualité de vie au travail. Le Pr Mbaye a également recommandé l’organisation régulière de séances de débriefing émotionnel afin d’éviter les traumatismes secondaires auxquels le personnel est exposé.
Le message semble avoir été bien reçu par le personnel. Pape Médoune Seck, agent de l’établissement, a salué l’initiative : « Cette conférence vient à son heure », a-t-il affirmé, tout en appelant à un changement d’attitude : « Nous devons davantage collaborer et être attentifs les uns aux autres. » Adama Seye, médecin du travail à l’hôpital, a exhorté ses collègues à s’ouvrir sur leurs difficultés : « Il n’y a ni jugement, ni dénonciation. Tout se fait sous anonymat, car cela relève du secret médical. »
Mohamed DIÈNE (Correspondant)