Alors que la fièvre de la vallée du Rift inquiète les éleveurs sénégalais, le Parc des grands ruminants de Diamaguène-Sicap Mbao est en alerte permanente. Sur le terrain, agents techniques et vétérinaires redoublent de vigilance pour protéger le cheptel. Rencontre avec Mouhamadou Mballo, agent technique d’élevage, au cœur du dispositif de prévention.
Quel dispositif a été mis en place ici pour faire face à cette maladie ?
Ces derniers jours, on parle beaucoup de la fièvre de la vallée du Rift, une maladie virale qui inquiète les éleveurs et les autorités sanitaires. Ici, le dispositif est toujours en place. Avant même l’apparition de la maladie, nous étions déjà en état d’alerte. C’est un grand parc d’Afrique de l’Ouest, un lieu de convergence du bétail venant de plusieurs régions ; donc la vigilance est permanente. Les autorités nous accordent une attention particulière, et la sensibilisation sur les maladies zoonotiques est constante.
Depuis l’apparition de la fièvre de la vallée du Rift, ce dispositif a-t-il été renforcé ?
Oui. Dès que la maladie est apparue, le dispositif a été renforcé. Les campagnes de vaccination et de sensibilisation se sont multipliées. Chaque jour, les acteurs de l’élevage se mobilisent. On constate une baisse de l’intensité de la maladie et du nombre de décès. Les autorités font un excellent travail.
Concrètement, en quoi consiste ce renforcement ?
Le service vétérinaire départemental, avec son équipe, effectue des visites régulières. En tant que vétérinaire de l’État affecté au parc, je sillonne le site pour sensibiliser les éleveurs et veiller à l’état sanitaire des animaux. Nous travaillons en étroite collaboration avec le directeur régional de l’élevage et l’inspecteur départemental. Nous sommes constamment sur le qui-vive.
Combien d’animaux compte actuellement le parc ?
On peut estimer qu’il y a entre deux et trois mille têtes sur pied. C’est une estimation, mais les bovins sont de loin les plus nombreux, même si on trouve quelques moutons.
D’où viennent ces animaux ?
Ils viennent de partout principalement du Mali, de la Mauritanie, mais aussi des régions de Tambacounda, du bassin arachidier et de la zone sylvo-pastorale. Le parc est un point de convergence majeur pour le bétail de toute la sous-région.
Comment s’organise la vaccination du cheptel ?
Les animaux sont vaccinés périodiquement. Des campagnes sont menées par les services de l’élevage. Chaque fois qu’un animal malade est repéré, il reçoit les soins nécessaires. Tous les animaux entrant au parc disposent d’un laissez-passer sanitaire délivré par un vétérinaire, après inspection. C’est une mesure importante pour éviter toute contamination.
Les animaux sont-ils actuellement concernés par une nouvelle campagne de vaccination ?
Oui. Un programme national de vaccination est en cours. Il s’applique aussi bien aux grands qu’aux petits ruminants. Des équipes passent régulièrement pour sensibiliser et vacciner. C’est une routine bien installée.
Vous avez évoqué la fièvre de la vallée du Rift, qui se transmet par les moustiques. Quels sont les signes qui alertent?
C’est une maladie zoonotique, c’est-à-dire qu’elle peut passer de l’animal à l’humain. Chez les animaux, les signes d’alerte sont notamment les avortements en série. Lorsqu’on observe beaucoup d’avortements, cela peut indiquer une infection. Heureusement, ici au parc, nous n’avons enregistré aucun cas d’avortement ni de fièvre de la vallée du Rift. La situation est maîtrisée.
Travaillez-vous en collaboration avec le ministère de la Santé ?
Oui dans le cadre du programme One Health « Une seule santé » qui unit le ministère de l’Élevage et celui de la Santé pour lutter ensemble contre les maladies zoonotiques. Nous travaillons main dans la main, car ces maladies peuvent se transmettre de l’animal à l’homme. Cette coordination est essentielle. Nous faisons le maximum pour protéger le cheptel et la population. C’est un travail collectif, du ministre jusqu’au plus petit agent sur le terrain.
Propos recueillis par Babacar Guèye DIOP

