Chef de la Division partenariat à la Direction de la planification, de la recherche et des statistiques du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Dr Omar Ghindo revient sur les initiatives mises en place pour une meilleure prise en compte des préoccupations des femmes vivant avec un handicap en milieu de soins.
Malgré tous les efforts déployés pour une meilleure prise en charge des personnes handicapées, les femmes en particulier, certaines structures de santé de- meurent inaccessibles avec encore l’inexistence de rampes. Quelles politiques mettre en œuvre pour corriger cette dis- parité dans l’accès aux soins ?
L’équité sociale demeure une des priorités du sous-secteur de l’Action sociale défini dans l’Agenda national de transformation systémique « Sénégal Vision 2050 ». Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a élaboré un vaste programme de protection sociale destiné à assurer la couverture sanitaire des groupes vulnérables et à rétablir l’équité en santé, notamment avec la mise en œuvre du plan d’institutionnalisation du genre et d’un programme de renforcement du plateau technique qui prend en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées en termes d’accès et d’équipements adaptés.
Le mauvais accueil, surtout certains propos jugés dégradants, tel que mentionné par des femmes vivant avec un handicap, persiste dans nos structures de soins ? Quelles sont les stratégies de sensibilisation, d’information et d’éducation à mener auprès des acteurs de la santé pour que disparaissent certains comportements et attitudes qui peuvent constituer un frein à l’accès aux soins pour tous ?
D’abord, nous tenons à rappeler que la déontologie des professionnels de la santé interdit formelle- ment les actes et comportements discriminatoires à l’endroit des usagers des services de santé. Ce- pendant les comportements individuels relèvent parfois d’un manque de formation et de choix du personnel préposé à l’accueil et aux orientations des malades. Nous avons aussi parlé de la formation académique où les modules de communication devraient être renforcés et adaptés aux réalités socio-culturelles du pays. La stratégie nationale de développement insiste sur l’équité sociale comme pierre angulaire du développement du capital hu- main qui est un axe stratégique dont s’aligne la lettre de politique sectorielle du département. Aussi la direction de la qualité du ministère de la Santé et de l’Action sociale a comme principal indicateur de performance la satisfaction des clients/usagers et mettra en œuvre une démarche qualité dans les services de soins pour une efficacité et une efficience des interventions en soins.
La communication avec le personnel de santé, en ce qui concerne les personnes sourdes et non-voyants n’est pas facile. Comment faire pour que les acteurs de la santé soient formés en langage des signes afin que le droit à la santé pour tous soit une réalité dans nos structures sanitaires ?
Une question pertinente qui interpelle d’abord le ministère de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Santé afin d’intégrer dans le pro- gramme de formation des acteurs de la santé les langages spécifiques de ces groupes. Cependant, nous ne notons pas quasiment de difficultés dans l’interprétation que les accompagnants de familles nous servent. Il faut noter que le département est dans l’élaboration d’une stratégie de promotion de la santé avec des orientations stratégiques pour le développement d’une communication adaptée et soutenue aux groupes vulnérables.
Certains équipements médicaux (lits d’auscultation, tables d’accouchement) sont inadaptés au handicap. Qu’est-ce qui prévu pour que la femme handicapée en état de grossesse ou devant accoucher puisse bénéficier des mêmes commodités que les autres femmes ?
Nous avons répondu plus haut en rappelant le plan d’institutionnalisation du genre et le projet de renforcement du plateau technique ainsi que le programme de protection sociale. Leurs mises en œuvre permettraient d’améliorer l’équité sociale des parturientes handicapées bien que certains projets, avec les partenaires tech- niques et financiers, mettent en exergue cette dynamique d’équité dans les équipements, la logistique et les techniques d’accouchement en parfaite alignement des poli- tiques, normes et protocoles de la santé de la mère et de l’enfant.
Les structures de soins les plus inaccessibles se trouvent au Plateau, le Poste de Sandial, par exemple, alors que beaucoup de femmes handicapées, du fait de leurs activités, fréquentent cette zone. Des réaménagements sont- ils prévus pour que celles qui évoluent à proximité, les mendiantes notamment, puissent ac- céder facilement aux soins ?
La gouvernance sanitaire est le premier programme défini dans la lettre de politique sectorielle du département avec notamment le renforcement du partenariat et des politiques de décentralisation. De ce fait, la participation communautaire est renforcée avec les comités de développement sa- nitaire (Cds) dont le président est le maire de la commune afin de tenir compte des préoccupations spécifiques en santé des popula- tions dans les plans opérationnels des collectivités territoriales qui intègrent les plans d’action des Cds. Ces derniers peuvent, dans leur budget et en appui avec la commune, intégrer les besoins de constructions spécifiques et d’équipements dans leur plan budgétisé. Toutefois, les orientations du ministère de la Santé et de l’Action sociale, à travers le programme de renforcement du plateau technique, sont d’avoir des infrastructures sanitaires ac- cessibles à toutes les catégories de populations sur toute l’étendue du territoire national.
Propos recueillis par Maïmouna GUÈYE