Pratiqué depuis des siècles par la communauté peule, le tatouage soulève beaucoup de préoccupations en matière de santé. Il constitue une porte d’entrée pour les agents infectieux. La séance, avec les aiguilles qui percent la peau, s’accompagne parfois de saignement qui induit un risque de contamination par certains virus transmissibles par le sang comme l’hépatite, le virus de l’immunodéficience humaine (Vih). Paul Bernard Tine, Major du centre de santé de Ranérou, est formel. Selon lui, « le tatouage a des conséquences sur la santé, car beaucoup de maladies présentes dans la communauté se transmettent, pour la plupart, par voie sanguine ». Il s’agit, dit-il, du Vih/Sida, des hépatites, le tétanos, etc. « Toutes ces maladies peuvent générer des dégâts à travers le tatouage qui se fait avec des aiguilles, donc par voie sanguine. Dans le temps, la tatoueuse utilisait les mêmes aiguilles pour toutes les clientes, après une stérilisation », déplore-t-il. Le fait d’utiliser les mêmes aiguilles pour beaucoup de clientes représentait, à ses yeux, un « réel danger » par rapport aux maladies citées plus haut. En plus de cela, l’infirmier estime que les femmes tatouées sont exposées à une « surinfection » à cause d’un défaut d’hygiène. Aussi, avertit le praticien, « si la plaie n’est pas bien entretenue ou pas cicatrisée, la tatouée est exposée à des risques de tétanos qui peuvent déboucher sur des décès ». Toutefois, il note qu’ils n’ont jamais enregistré un cas de Vih/Sida ayant comme mode de transmission le tatouage. Actuellement, admet Paul Bernard Tine, il y a un changement de méthode grâce à la formation, la communication et la sensibilisation. « Les femmes qui souhaitent se faire tatouer apportent leurs propres aiguilles, leurs propres outils. À défaut, les tatoueuses procèdent à une stérilisation des aiguilles qui amoindrit les risques », indique M. Tine, rappelant que celle-ci obéît à « une procédure, une méthode ». La meilleure approche, affirme le Major Tine, « c’est d’acheter des aiguilles neuves ; même si des aiguilles neuves ne signifient pas des aiguilles stérilisées ».
Par Samba Oumar FALL, Souleymane Diam SY (textes) et Mbacké BA (photos)